Artiste: The Tea Club
Album : Grappling
Sortie : 07 11 2015
Page : http://www.theteaclub.net/
Label : autoproduction
Page du label :
Mouton-note: [:-) ]
Support : CD
Auteur : CHFAB
Lien pour la pochette : http://digital.theteaclub.net/
Mots-clés pour catégorisation : alternatif art rock fusion post-rock
progressif
On espère que nombreux étaient ceux qui découvrirent en 2012 l'album
précédent de ce quintette américain, le fabuleux Quickly Quickly Quickly, (de mon point de
vue), véritable joyaux, étincelant
d'émotion, de liberté créative, de modernisme et d'excellence
technique. Rarement, et depuis longtemps, avait-on eu sous la main un
tel équilibre entre aventure, singularité et beauté, et l'on se disait
qu'avec ce troisième effort, The Tea Club (premier disque en 2008) nous
avait offert là l'une des plus inovantes et des plus belles oeuvres de
ces 15 dernières années, le temps l'ayant largement confirmé. On
s'était même dit que ces p'tits gard avaient réussi à faire avancer les
choses, vers un progressif enfin moderne, paré de facettes tout aussi
intégrées, digérées, qu'actuelles: art rock, post rock, une goutte
d'avant garde, et un goût constant pour la surprise et l'évolution
harmonique, tout en maintenant une fluidité proprement exceptionnelle,
explorant ainsi un peu plus les terres d'un Echolyn ou d'un Mars Volta
par exemple; puissance, lyrisme, émotion sans complaisance,
sensibilité, et le tout avec un niveau de jeu égalant au moins ses
illustres modèles. On se souvient encore de la voix magnifique et si
expressive de Patrick McGowan, à l'instar de celle du chanteur de
Syndone (imaginez le niveau), Seven Impale et autres talents
d'aujourd'hui... La chair de poule est encore présente, donc vous êtes
désormais prévenus, si vous n'étiez pas déjà dans la
confidence!
Alors évidemment, l'arrivée de ce quatrième album s'avérait
attendue comme redoutée. Oui car confirmer ou dépasser un tel petit
chef d'oeuvre relèverait presque du suicide! Il est quasi impossible de
ne pas décevoir, dans ces conditions; souvent, on a tout dit, tout
donné en un seul disque, et tenter de se référer à un tel miracle peut
s'avérer une erreur terrible, voire fatale. Pour ce rassurer on se dira
(à raison) que la discographie de The Tea Club avait fait montre
jusqu'ici d'une constante progression... L'ascension allait-elle
poursuivre?
D'entrée de jeu on démarre à plein régime, et l'on se dit
que le groupe n'a perdu ni son enthousiasme ni son énergie. On peut
même ajouter que les arrangements y sont résolument plus complexe, plus
denses, confirmant que les américians ne se sont pas reposés sur leurs
lauriers, bien au contraire, et c'est peut être aussi ce qui leur sera
repproché, paradoxalement. Oui car il faudra passer un certain
sentiment de confusion pour retrouver l'évident équilibre entre
complexité et harmonie des grands (très grands) jours. Il faudra de la
ténacité pour passer outre d'incessantes notes, empilées les unes sur
les autres, alors que le chant tente de mener les débats. C'est le cas
tout particulièrement du moins pour les deux premières pièces de
l'opus, où les claviers se font littéralement hémorragiques, voilant,
presque parasytant un peu au final les structures harmoniques du trio
basse-guitare-voix... Il faudra sans doute un bon nombre d'écoutes pour
défricher le bon grain de l'ivrée... C'est le seul véritable point
faible du disque. Pourquoi n'avoir pas débuté sur « Dr.
Abrahapm », peut être le meilleur morceau de l'album, une
splendeur (ouf!) renouant avec grande ambition et lisibilité, mais
n'apparaissant qu'en troisième position? Rassurez-vous, la suite
s'avère tout aussi convainquante, développant à nouveau ces rouleaux de
fièvre et de beauté. On l'a dit, les compositions et harmonies s'étant
encore davantage densifiés sur ce disque, le chant et les choeurs si
habités sont devenu ici les véritables fils conducteurs, indispensables
de bout en bout, et ce sans pourtant jamais lasser. Voilà un défi qui
fait figure d'exploit dans cet album, tant la plupart du temps la place
excessive du chant masque un manque d'originalité ou de dextérité
instrumentale... Là où dans l'album précédent la voix accompagnait les
circonvolutions musicales, ici, elle semble les porter quasiment, à
elle seule, à de nombreuses reprises. C'est aussi sans compter sur le
talent impressionnant des autres musiciens (le chanteur tient aussi
guitares et claviers), dont la section rythmique est ahurissante, et le
guitariste lead excellentissime. Les échanges instrumentaux sont bel et
bien de la partie. Mais ça on savait... On pourra reprocher peut être
aussi un manque d'accalmie dans ce maelstrom tourbillonnant, ce qui
accentue un peu l'idée de confusion évoquée au départ... Du moins
reconnaîtra-t-on une couleur plus automnale, plus inquiète qu'à
l'accoutumée. C'est aussi, du coup, ce qui donne du relief, en regard
du disque d'avant. Donc moins, mais plus...
<i>Grappling</i>n'est pas un disque à la beauté
totalement immédiate, toutes proportions gardées bien sûr, à contrario
de son prédécesseur, qui, d'emblée, vous assénait un énorme effet coup
de foudre. Mais les mystères de l'amour ont bien des détours, preuve en
est encore avec celui-ci, qui certe se fait un peu désirer, mais
tiendra toutes ces promesses sur la durée. Il est grand temps que le
talent de ce Club De Thé éclate enfin au grand jour, donc à vos
bourses, et à votre bouche à oreille!...
Inutile de dire que si par chance le groupe passait près de chez vous...