TUNE – Lucid Moments (2011)
http://www.tuneband.pl
Label : TUNE records
Pologne
Tracks :
1- Dependant (06 :05)
2- Repose (06 :01)
3- Confused (05 :03)
4- Lucid Moments (06 :34)
5- Mip (04 :47)
6- Dimensions (04 :45)
7- Cabin Fever (06 :34)
8- Masquerade (05 :36)
9- Dr Freeman (05 :20)
Line-up :
Jacub Krupski : Vocals
Adam Hajzer : Guitars
Leszek Swoboda : Bass, Vocals
Wiktor Pogoda : Drums
Janusz Kowalski : Accordion, Piano
« Extra LUCID ! »
TUNE est un quintette polonais (patrie du néo-néo et des mises en son
de tout premier ordre) initié respectivement par son guitariste et
bassiste-chanteur (Adam Hajzer et Leszek Swoboda) en 2009. Voici donc
leur tout premier album. Une chose frappe d’entrée : le travail
splendide des visuels, laissant découvrir dans un décor post
industriel, à l’abandon, les cinq membres du groupe,
littéralement en suspension, figés en léthargie (volontaire ou
forcée, c’est bien la question qu’on peut se poser)… Tout ceci n’augure
donc pas de bluettes candides, d’odes au soleil radieux ni de
lendemains qui piaillent…Nous n’sommes paaas du
soleiiiiiil !....Du soleiiiiiiil…..
Et en effet, le ton est clairement à la mélancolie, aux bouleversement
émotionnels, dans une expression résolument rock(point de claviers à
l’horizon, qui, une fois encore appuyé par les décors visuels, semble
passablement bouché, l’horizon…), post rock on pourrait dire même, si
ce n’est qu’on n’y retrouvera pas ici les fondamentaux du genre
(instrumentaux Kinoscopiques, atmosphères hantées, longues montées en
puissance, effets innombrables de reverb sur les guitares, bruitages
sonores etc…), et un soupçon gothique (5).
Non, il s’agit bien dans ce LUCID MOMENTS d’une collection
(superbe) de chansons, très magnifiquement incarnées par le
chanteur-bassiste (Jacub, si j’ai bien compris) à six cordes, très
expressif, avec un grain de voix évoquant parfois Geof MANN, légèrement
cassé, plutôt retenu, maîtrisant parfaitement la langue anglaise,
distillant une bien belle émotion. Il est bien sûr épaulé par de très
belles séquences de basse (par lui-même), et guitares (Adam,
magnifique) en arpèges, parfois façon war-guitar (1,8), ou bien en
acoustique (3,6), très superbement planantes (le morceau d’ouverture
est un modèle du genre), électriques en chaloupes ternaires (2,3,4,9),
délivrant de splendides saillies ça et là (1,5,6,7), et une batterie
très efficace, superbement mise en son (mais il faut savoir qu’au
mixage, c’est Robert Hadley, Pink Floyd-Electric Light Orchestra-Korn,
qui s’y est collé) à défaut d’être particulièrement originale. Et puis
il y a LA trouvaille qui fait de ce groupe et de cette musique quelque
chose d’unique, de réellement splendide, et ajoute une pâte
définitivement européenne au rock, à la manière d’un NOIR DESIR ou un
16 HORSEPOWER (pour ceux qui ne connaissent pas, je les invite
d’urgence à découvrir les travaux ahurissants de David Eugene EDWARDS,
et aussi ceux de Norbert PIGNOL ou Mériadec GOURIOU, par la même
occasion) : c’est l’accordéon et le travail remarquable des
ambiances créées par Janusz KOWALSKI, qui parfois aussi œuvre au piano
(8)… Une merveille de sensibilité, entre nappes atmosphériques et
rythmiques chargées d’âme (7), aux nuances infinies façon bandonéon…
Mer-vei-lleux !...Plus que jamais, il est temps de mesurer le
potentiel infini d’un instrument tel que l’accordéon, bien trop confiné
aux genres du musette et du « rock festif »…On peut se
demander encore aujourd’hui comment et pourquoi il a été si peu utilisé
en terres progressives…
Dans cet album, chaque morceau est une nouvelle exploration, un peu
solitaire le long d’une côte, battue par les vents du nord, sous une
douce bruine, une terre noire, saturée de mousse, rythmée par le ressac
d’une mer meurtrière, ou quelque malheur au cœur des hommes de
Bretagne, d’Irlande, d’Ecosse, et autres terres scandinaves…On trouve
donc tout cela en Pologne, en plus du néo-prog ? Sans doute, et à
n’en pas douter le besoin de se réchauffer l’âme, de se faire consoler,
laisser sortir son émotivité, n’a pas de frontière. Pour évoquer
quelques influences palpables, en plus de celles rappelées ci-dessus,
on citera donc My Brother The Wind, ou Stick Drum Duo, pour ne parler
que des groupes récents…Et voilà que le tableau est achevé.
Alors bien sûr, les canons dorés du progressif sont un peu éloignés
d’un tel album, pour les indécrottables de la construction à tiroir,
des claviers en tous sens, aux démonstrations techniques de rigueur,
mais il n’est même pas dit que ceux-ci (les inconditionnels du golden
seventies, dont je suis parfois) passent leur chemin ! Car vous
n’en reviendrez pas dès la première écoute, et les suivantes ne feront
que confirmer cet attachement qui fera désormais (si vous vous procurez
ce disque) de TUNE l’un des groupes les plus prometteurs, rassembleur à
n’en pas douter, bien au-delà du progressif, justement.
Véritablement splendide.
CHFAB
4/4