TIM BOWNESS- Abandoned Dancehall Dreams © Inside Out
Music 2014
Écrit par CHFAB
04-07-2014
TIM BOWNESS, mine de rien, est un artiste anglais qui compte! Difficile
d’ignorer sa paternité concernant le duo de pop spleenéenne d’avant
garde NO-MAN (fondé en 1987 avec Steven Wilson), en tant que chanteur,
musicien, compositeur et auteur, tout autant qu’ignorer sa
participation au sein d’HENRY FOOL (versant davantage énergique,
Canterbury, new jazz), producteur parfois, en passant par de multiples
participations chez OPIUM CARTEL, NO SOUND, OSI, Judy DYBLE, Richard
BARBIERI, et la liste est plus qu’incomplète !... Sa voix suave et
lancinante au possible, presque chuchotée, le rend identifiable à des
miles à la ronde, projetant tout auditeur vers des nuées extrêmement
intimistes, lentes et mélancoliques. Toujours ténu et fragile, son
travail créatif ne tombe pour autant jamais dans la facilité, et nous
étreint bien souvent d’émotions sincères et prégnantes. ABANDONED
DANCEHALL DREAMS n’est pourtant que son deuxième album solo en presque
30 ans de carrière (My Hotel Year, 2004), gage d’un réel sens du
partage artistique, en plus d’une certaine admiration qu’il suscite, et
donc du très grand nombre d’invitations qu’il honore de sa
présence. On pourrait être tenté de lui reprocher, au-delà de son
talent certain, un manque patent de variété de registre, autre qu’
introspectif, que l’on trouvera, selon ses goûts, un peu systématique.
C’est là sa seule limite, finalement… Du coup: qu’en est-il de ce
nouvel album ? Et bien la réponse est pour le moins très positive
sur ce sujet, car d’emblée le premier morceau s’annonce rythmé et
percussif en diable (Pat MASTELOTTO aux baguettes !
Actuellement membre du King Crimson version 2014 !),
véritablement excellent, et se conclura de la même manière, tribale,
même si plus nuancée ! Donc très bon point. On aurait presque aimé
retrouver une ou deux plages supplémentaires de cet acabit, car l’envie
de danser n’y manque pas, mais comme il s’agit là d’un très bel album,
bien plus énergique qu’à l’accoutumée, on n’en sera pas plus chagriné
que ça. Le reste est une merveille de délicatesse, d’arrangements
somptueux, d’émotion à fleur de peau, de mélancolie à fendre l’âme (7),
ou de puissance stratosphérique, comme sur le splendide Smiler at 50
(2), une musique qui parfois se révèle bien plus lumineuse que prévue
(4). Peu sont capables, ainsi, de tenir tout un disque sur cette
couleur, sans pourtant tomber dans l’ennui (NO SOUND, évidemment, très
inspiré No-Man, ou Anathema, par exemple, plus rock cependant, mais
aussi Mark Holis (Talk Talk) ou bien encore les aînés Dead Can Dance et
Cocteau Twins, pour ne citer qu’eux). BOWNESS a quelque chose de plus,
ou de différent du moins, qui en fait un artiste véritablement
singulier, c’est la présence d’une tendresse, adulte, humaine, sans
artifice paradoxalement, non seulement dans sa voix dépourvue de
lyrisme (je ne l’ai entendu qu’une seule fois pousser, et avec quel
coffre!), mais dans sa musique également. Les arrangements consacrés à
ces « Rêves Abandonnés de Salles de Danse» sont un enchantement de
chaque instant, faisant la part belle au claviers vintage (analogiques,
superbes dans leurs digressions et soli), piano électrique en tête, aux
nappes planantes bien sûr, avec quelques guitares célestes, doublées
d’un magnifique solo sur Dancing For You (5), d’autres soli poignants
de violon, avec enfin un ensemble de cordes et de chœurs splendides,
tout étant distillé avec une parcimonie qui ne fait qu’accroître le
charme et la beauté du disque. La liste des participants, à l’image de
notre anglais itinérant, est impressionnante, sans que jamais l’on ne
perde ni unité ni cohérence; sachez qu’elle emprunte autant à Porcupine
Tree (basse, guitare) qu’à la totalité des musiciens de scène de
No-Man. Le mixage a été effectué, entre autre par WILSON
(forcément !), Phil MANZANERA, et l’ingénieur des derniers Pink
Floyd ! Ouf ! Vous pourrez après ça juger du niveau
d’interprétation, de la musicalité, et de la qualité sonore de tout
ceci ! Car pour une fois, prestige rime avec vertige !
Et non esbroufe ! Pour terminer (il le faut bien !),
l’édition collector propose un deuxième CD de versions remix ou
alternatives (Richard BARBIERI y figure !). Comment ne pas saluer
un tel bijou de sensibilité, d’éclectisme, et de grâce absolue ?
Avec ABANDONNED DANCEHALL DREAMS, cet anglais-là vient de faire montre
d’une inspiration et d’une classe folle, déposant là un écrin absolu
d’apesanteur et d’élégance, de ceux qui vous marquent à jamais. Un
classique.
Magnifique
4/4
Line-up
Tim Bowness- Vocals, Keyboards, Guitar, Programming
Pat Mastelotto- Drums
Colin Edwin- Fretless and Double Bass
Anna Phoebe- Violin
Steven Wilson- Guitar, Drum Machine addition
Stephen Bennet- Keyboards, Programming, Choir Arrangement
Michael Bearpark- Guitar, Guitar solos
Stuart Laws- Keyboards, Effects
Pete Morgan- Bass
Andrew Brooker- Drums
Steve Bingham- Violin
Eliza Legzedina and Matt Ankers (The Spontaneaous UEA Vocal Ensemble)-
Choir
Charlotte Dowding- Violin Ensemble
Andrew Keeling, Evelyn Glennie- String Arrangements
Andrew Phillips (Grasscut)- Additional Instrumentation on CD2, track 1
Richard Barbieri- Additional Instrumentation on CD2, track 2
Tracklist
01. The Warm Up Man Forever (4 :22)
02. Smiler At 50 (8:20)
03. Songs Of Distant Summers (5:02)
04. Waterfoot (4:28)
05. Dancing For You (6:13)
06. Smiler At 52 (4:19)
07. I Fought Against The South (9:05)
08. Beaten By Love (3:45)
Site officiel:
http://timbowness.co.uk
Pays :
ANGLETERRE