THE TANGENT- A Place On The Shelf ( A Special Enthusiast’s
Collection)
http://www.thetangent.org
Label : autoproduit
Angleterre
Track list :
1- Le Massacre Du Printemps (11:42)
2- Every Man’s Forgotten Monday (05:09)
3- I Want To Be A Chick (04:32)
4- Live On The Air (21:41)
5- Le Massacre Du Printemps Part 2 (14:43)
Line-up :
Andy Tillison : Vocals, keyboards, electric guitars
Jonathan Barret : Bass guitar
Paul Burgess : Drums
Theo Travis : Saxophones, flutes
Guy Manning : Acoustic guitars, vocals
« Une place sur votre platine, pas sur l’étagère ! »
Petit rattrapage pour les retardataires comme moi, ce disque datant
déjà de 2009, et réédité aujourd’hui, car il me semblait indispensable
de ne pas faire silence sur ce faire valoir (!!!) à l’album « Down
And Out In Paris And London » assez décevant à mon goût, sorti
afin de financer l’enregistrement de celui-ci. Il se trouve en effet
que le groupe avait décidé (ou y avait été forcé ?) d’expérimenter
le processus d’autoproduction, quittant alors la très vénérable maison
Inside Out. Et donc voilà A PLACE ON THE SHELF (une place sur
l’étagère) balancé comme une sorte de fourre-tout constitué de pièces
secondaires n’ayant pas trouvé leur place dans la discographie du
fameux groupe anglais…
Secondaire ? Non mais c’est une blague ou quoi ? J’en suis
pas encore revenu !...
On aurait pu s’attendre à une sorte de barbouillis commercial, comme
c’est si souvent le cas en cette occasion. Et franchement, je dois bien
reconnaître avoir pris une énoooorme claque… Et tenez-vous bien, il
s’agit même là (c’est mon avis bien sûr) du MEILLEUR album de la bande
à ANDY TILLISON !!! Qui l’eut cru?
En effet, j’ai toujours considéré qu’au beau milieu de passages
musicaux souvent excellents, on devait souvent subir chez The Tangent
un processus un peu systématique de mise en place, de mise en son,
souvent chargée, aux inspirations un poil convenues, car rarement
renouvelées, et un poil roboratives, ne sachant pas choisir entre une
forme plutôt accessible et une vraie ambition créative.
Pour moi, ce groupe n’en finissait plus d’apparaître comme un chaudron
talentueux bourré de réussites et de promesses, pas assez souvent
tenues pourtant, et que j’avais fini par délaisser à force d’attentes.
Il est vrai aussi que je suis plutôt du genre très exigeant…
Et puis voilà ce disque, présenté comme une parenthèse (j’espère bien
que non, et mes confrères critiques semblent être de mon avis), et
proposant enfin une musique particulièrement ambitieuse et exigeante
(ah!), aux rebondissements innombrables, et lorgnant enfin
définitivement vers un rock beaucoup plus élaboré, définitivement
Canterbury (on pense à NATIONAL HEALTH, SOFT MACHINE !), avec des
compositions riches, aux influences iconoclastes et complexes,
distillant des séquences parfois particulièrement psychédéliques,
planantes ou free, n’hésitant pas à explorer des univers plus débridés
et contrastés. En somme, on croirait ici entendre une réponse aux
espérances du premier album...!
Pour ce faire, le line-up a encore subi une réelle transformation,
laissant les guitares électriques au seul réel maître à bord, Tillison
lui-même (qui s’avère plutôt doué), et recrutant deux nouveaux venus
(si on veut !) à la rythmique basse-batterie, et ce, sur le sol
d’origine des trois derniers restant (vous suivez ?). On a donc
ainsi affaire pour la première fois à un groupe total british, et ça
s’entend !
La pièce de résistance (26mn) « le Massacre du Printemps »,
ouvrant et fermant l’album, est un total must (au départ, il s’agissait
d’en faire un concept album entier, dommaaage… !),
revisitant l’œuvre phare de STRAVINSKY (qui a dit « Pictures
At An Exhibition » de ELP ?), il y a aussi « Live
On The Air » au chant, chœurs et mélodies franchement brillants,
là aussi un morceau de bravoure, véritable ode aux claviers et sons en
tout genre, aux rythmiques formidables de variété et d’invention,
groove au possible (c’est valable pour tout le CD).
Les ambiances sont très réussies et le mixage est un régal, tout
transpire le talent et les nombreuses trouvailles, à part la deuxième
pièce, format court d’inspiration très PINK FLOYD 80s, mais
réellement dispensable, car assez pauvre en idées comme du point de vue
mélodique. Une grosse tâche au milieu du reste. Heureusement la pièce
est courte !...
ANDY TILLISON s’en donne à cœur joie du point de vue du chant, bien
plus théâtral qu’à l’habitude, trafiquant sa voix à l’occasion et
s’adonnant à de nombreux chœurs excellents au côté de GUY MANNING,
impeccable aussi. On sent une jubilation inouïe de la part des
compères, pratiquant régulièrement citations et humeurs ironiques. Bien
sûr, vous l’aurez compris aussi, ce sont les années 70 qui sont ici
particulièrement à l’honneur, renouant formidablement avec les
sonorités synthétiques de l’époque, et les couplant avec des
séquenceurs très modernes…La palette s’avère tout bonnement ahurissante
et enfonce définitivement le clou d’une réussite quasi-totale. Un
chaudron bouillonnant je vous dis ! Et l’on en secret que
désormais The Tangent puisse ressembler à ça !
Excellentissime
CHFAB
4/4