THE DAEDALUS SPIRIT ORCHESTRA – Tabula Rasa - ©   autoproduction/ E.L. PROD  2012
Ecrite par CHFAB
26-09-12
« La table est servie»
Depuis son premier disque (2010), THE DAEDALUS SPIRIT ORCHESTRA, tente d’abolir les frontières de nos habitudes musicales, interpelant nos réflexes rassurants d’amateurs de « belles musiques », à l’instar de quelques cousins de France (Nooumena, Jack Dupon, Stabat Akish, Camembert…). Ainsi, AMPULLA MAGNIFYING avait déjà fait sensation, servi par une production pourtant modeste. TABULA RASA semble dès son titre annoncer un changement, ou du moins une injonction à changer. Qu’en est-il ? Et bien, d’emblée, c’est le son qui change, il est devenu bien meilleur, plus ample, plus précis. Ensuite, c’est la voix qui frappe ; puissante, racée (grain et voile soul à la Charlie Winston) au registre plutôt étendu, habitée, et donnant à cette musique la pleine mesure de sa force. D-BUNTY est donc le nouveau chanteur, en lieu et place de son mentor compositeur et guitariste (Eric LORCEY), qui déjà  s’en tirait plutôt honorablement. Donc une deuxième très bonne nouvelle. Quid de la musique maintenant ? Un feu d’artifice : riche, changeante, contrastée, incroyablement énergique bien qu’à tonalité mineure, sachant aussi s’apaiser, et toujours au service de l’harmonie.
La guitare, comme à son habitude, est très inventive (excellent Eric LORCEY), très présente bien que jamais invasive, habile, d’une incision redoutable lorsqu’elle assène des riffs  crimsonniens, mais  aussi entêtante dans ses arpèges, tantôt aérienne, très en enluminures, parfois industrielle comme bruitiste, brillante lorsqu’elle décoche ses soli (LORCEY a même parfois cédé sa place)… a ses côtés, ponctuant thèmes et digressions, la flute décoche quelques belles flèches. Bon nombre d’invités aux instruments à vent surgissent ici ou là.
Les rythmes sont protéiformes, faisant feu de tout bois, passant par tous les affres de la percussion, endiablés, riches en contrepieds, sans jamais frôler l’overdose. Il faut dire que les compos font preuve d’une vraie maturité, chaque séquence semblant couler de source. L’émotion est toujours de mise, ce qui n’est pas chose aisée lorsqu’on fait preuve de tant d’éclectisme.
Côté arrangements, c’est un véritable festival d’effets,  savamment distillés (voix, guitares,  extraits sonores, énorme travail de créativité), avec une très belle inventivité spatiale (les pistes surgissent d’un peu partout, avec une mise en son d’une clarté exemplaire), rapprochant TABULA RASA d’albums inventifs comme The Lamb Lies Down On Broadway, par exemple…C’est dire…
Côté styles, on assiste, comme aux premiers jours, à une véritable boîte de pandore ; rock syncopé, math rock intrépide, hard, accents dramatiques, jazz feutré ou dévastateur, post rock, musique minimaliste, atmosphérique,  latino-rock, néo punk (on avoisine régulièrement The Mars Volta), prog, fusion, j’en passe et des meilleures. Le titre éponyme qui clôt l’album en est la parfaite démonstration, pour près de trente minutes, qui passent comme un éclair !
Le chant, bien qu’à dominante anglaise, se veut multilingue (français ou espagnol), porté par des textes hallucinés, sombres au possible (mais servis par une musique volontairement très vivante, créant ainsi  une tension), se faisant l’écho d’une apocalypse à venir, sinon déjà présente. Quelques morceaux choisis, traduits par votre serviteur : « Tout ce qui brille avale la terre…les étoiles tombent en morceau…les gangsters mondains se plaignent de la symphonie…les forces de l’imbécile se libèrent de l’argile, de l’herbe et du béton…je tue le feu à coup d’essence… le sang est éparpillé dans les airs…les animaux rampants cherchent la rédemption… »…édifiant, symboliste au possible, poétique, citoyen.
Une fois de plus, on a ici la confirmation d’un groupe complet, fruit d’une musique de plus en plus collective (LORCEY s’y est fait co-compositeur), à l’univers vraiment singulier, dont les multiples influences ont su très rapidement disparaître, au profit d’un style et d’un son. Excusez du peu… Alors, France, terre de renouveau progressif ? Absolument.

4/4            Chroniqueur : CHFAB

Line-up
D-Bunty - Words & Vocals
Eric Lorcey - Guitar, effects, Stylophone
Maxime Defossé - Synths, Organs, piano & Fender Rhodes
Lise Cantin - Flute
Colin Gentile - Bass
Christophe Cordier - Drums

guests :

Clément Roumagnac - saxophone
Thibaud Rancoeur - trumpet
Giovanni Hector - trumbone
Sandrine Colombet - Bass Saxhorn
Adrien Proust - Guitar solo (5'30) on Tabula Rasa
Cécile Alvès - Keyboards (free part) Tabula Rasa
Track list
01- Ven-Is  (10:49)
02- Echolalia  (3:27)
03- 27-Heads Hydria  (10:06)
04- Think Tank  (8 :02)
05- Pre-Eclampsie  (1 :16)
06- Tabula Rasa  (27 :06)

Site officiel :
http://www.myspace.com/dsorchestra
Pays :
France


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