Artiste: Seven Impale
Album : Contrapasso
Sortie : 16 septembre 2016
Page : https://sevenimpale.bandcamp.com/
Label : Karisma Records
Page du label : http://www.karismarecords.no/
Mouton-note: [  :-)  ]
Support : CD
Auteur : CHFAB
Lien pour la pochette : http://www.karismarecords.no/karismanews/
Mots-clés pour catégorisation : post prog, fusion, new jazz, avant garde, stoner, psychédélique


Seven Impale, en plus d'un premier EP de rêve ( <i>Beginning/Relief</i>, 2013), avait frappé fort avec <a href="http://www.chromatique.net/chroniques/item/15173-city-of-the-sun" target="_blank"><i>City Of The Sun</i></a> l'année suivante, éclaircissant un temps soit peu son propos, au profit pourtant de compositions plus longues, explorant avec une grande personnalité des courants pour le moins éclectiques, même si réunis sous la bannière d'un son résolument 70s. Toujours chez Karisma, voici donc le deuxième album de ce sextet issu de Norvège, présentant une pochette pour le moins plus sombre, comparée à la lumière aveuglante qui frappait l'album précédent. Et en effet, à l'image de ce visuel furieux, hanté, distordu, la musique en empruntera les mêmes chemins, assénant d'entrée de jeu une lithanie total groove, pour un opera free, quasi zeuhl (!), déclamée avec force, entre solennité lugubre et moitié d'ironie! Raz de marée garanti. Le reste qui va suivre déclinera cette même propension à vous attraper par l'échine, quitte à en égarer quelques uns sur les braises de bas-côté! Les norvégiens ont choisi la carte du concept album, leur musique en découle, et le rouge monte d'un cran.<br><br>

Une chose est sûre, <i>Contrapasso</i> (punition divine, dont le principe est de subir ce par quoi on a péché) conserve cependant la pâte sonore du groupe et ses penchants new jazz stoner avant garde psyché prog (ouf!): deux guitares, pour des riffs rageurs et ultra rythmiques (sans compter les accalmies en dentelle, ici peu nombreuses), un saxophone impérial, parfois doublé, pour dominer les débats mélodiques, un chant accrobatique, tout en contours et contrepoints assénés, des orgues ultra vintage, enfin une rythmique d'enfer, souvent  de plomb, au groove absolument sidérant. Très très bonne nouvelle donc.<br><br>

Un fait, et de taille, frappe cependant les esprits: dans cet album les amoureux du versant le plus mélodieux, le plus grâcieux du groupe (rappelons le talent du chanteur guitariste, tutoyant la beauté de Jeff Buckley!) en seront pour leur frais. Ici, folie et noirceur furieuses ont pris le dessus, avec une voix bien plus théâtralisée, parfois brutale, ou déviante, servant au plus prêt le sujet dominant du disque, une évocation de Dante et des tourments post mortem, comme l'annonce si bien le titre. De ce point de vue, la musique est en parfaite adéquation, tant on traverse des ambiances d'une rare force («&nbsp; Convulsion&nbsp;», «&nbsp; Helix&nbsp;»); dissonances, coups de boutoirs guitaristiques (ils sont deux au poste), enchevêtrements rythmiques diaboliques, leads stratosphériques, comme arrachés de leur toile de fond (on pense à Motorpsycho notamment), enchaînements schysophrènes, trips psyché, collages, bref, ça défouraille sévère, parfois même jusqu'à se perdre, à l'occasions (l'album dure tout de même une heure dix)... Et pourtant...<br><br>

Malgré ce foisonnement et cette sur-énergie, la classe exceptionnelle avec laquelle le tout est délivré vous en laisseront pantois, vous rappelant bel et bien qu'il s'agit toujours de Seven Impale, l'un des tous meilleurs groupes de ces dix dernières années. Pour les plus familiers il faudra attendre la neuvième plage avec «&nbsp; Serpentstone&nbsp;»  pour renouer magnifiquement avec les harmonies passées. Le disque s'achève dans l'apaisement, sur une longue plannerie psyché électro, entrecoupée de stoner funk irrésistible. Fusion à tous les étages;  Les ambiances et séquences sont passionnantes, hautement inspirées, et font promesse de réécoutes franchement récompensées.<br><br>

Un album éclatant, plus âpre, plus complexe, mais encore une fois réussi. Reste à savoir si la nuance sera un peu plus de mise pour la suite. Quoiqu'il en soit, avec ce deuxième album, Seven Impale atteint déjà des sommets.



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