SYNDONE – La Bella è La Bestia (2012)
http://www.syndone.it
Label : AMS/BTF
Italie
Track list :
1- Introitis (3:11)
2- Il Fiele E Il Limite (4:49)
3- Rosa Recisa (4:57)
4- Complice Carnefice (6:08)
5- Piano Prog Impromptu (1:23)
6- Tu Non Sei Qui (4:22)
7- Orribile Mia Forma (3:53)
8- Mercanti Di Gioia (4:13)
9- Bestia! (3:57)
10- Ora Respira (4:38)
11- La Ruota Della Fortuna (3:38)
12- Canto Della Rossa (1:16)
Total Time 46:30
Line-up :
Nik Comoglio : keyboards
Ray Thomas : flute
Riccardo Ruggeri : vocals
Francesco Pinetti : drums, marimba, vibraphone
« La bête était dans la belle »
Quatrième album pour ce quatuor italien (désormais trio ; exit le
flutiste) formé à l’aube des 90s, emmené par le multi claviériste Nik
Comoglio, LA BELLE E LA BESTIA succède au très plébiscité MELAPESANTE
(2010). Lourde tâche que de donner suite à un quasi chef d’œuvre… deux
alternatives envisageables: égaler ou surpasser ? Et bien les
italiens ont préféré se surprendre eux-mêmes, ouvrant une voie
nouvelle, celle de l’opus concept, tiré du compte du 18ème siècle La
Belle Et La Bête. Avec une nuance cette fois : Ici la belle EST la
bête !
Autant le dire tout de suite, loin des opéras rock pompeux et pompiers,
des double-triple ultra baroques, ce nouveau SYNDONE est une grande
réussite, d’une cohérence parfaite et d’une grande nuance ; les
personnages sont tous interprétés par Riccardo RUGGERI, admirablement,
faisant preuve d’un éventail vocal considérable et servi par une
technique tout bonnement époustouflante. Musicalement, on nage dans les
eaux d’un prog italien de toute splendeur, tutoyant les merveilles avec
BANCO et ELP, PFM bien sûr (mais cette fois avec un vrai grand
chanteur !)… A tonalité particulièrement jazz(1), jazz funk,
fusion(2), jazz rock, symphonique (évidemment, vu les compos dirigées
par le claviériste), piano (5, 6, 7) et Hammond à tous les
étages… Vibraphone (magnifique, dont les interventions et arrangements
font penser au early Gentle Giant !) et soli de clavier en
distorsion (un peu partout), basse éloquente, valse émouvante,
violoncelle et section de cordes (sous jacente et sublime), batterie
volubile et princière, flûte exquise, section de cuivres percutants(2)
ou planants, motifs ultra mélodiques de toute beauté (3), du classique,
chambré ou symphonique, bref, que du très bon, pour des plages plutôt
courtes, et de très haute inspiration. On ne dénombrera qu’une ou deux
maladresses tout au plus (le gimmick un peu lourdaud du 4, mais avec
des passages splendides par ailleurs) car il ne faut jamais oublier
d’être exigent… L’absence de guitare (c’est la marque du groupe) ne se
fait jamais sentir, et l’esprit rock habite bel et bien « La Bella
è La Bestia », porté par les éruptions vocales, la section
rythmique, les soli analogiques. Les passages instrumentaux sont très
nombreux, trépidants ou contemplatifs. Mais revenons encore une fois
sur la performance exceptionnelle du chanteur (vibrato subtil, voile
cassant au fond de la gorge), théâtral à souhait, insufflant une grande
intensité dans les émotions, et capable de transformer sa voix (parfois
méconnaissable ; en fausset, en growl, ou hyper heavy) selon les
personnages intervenant. Les couleurs utilisées sont en demi-teintes,
oscillant entre trouble, agitation et mélancolie, sorte de grand écart
entre Schubert et Kotebel.
Récapitulons : combinant avec un grand talent, classique, jazz et
rock, grande ambition et souci mélodique, son très 70s, morceaux variés
de bout en bout, particulièrement prenants, voici un album de très haut
niveau, surpassant finalement son prédécesseur (car moins
démonstratif), et donc, Syndone est à réinscrire illico dans le
top 10 de l’année.
Bravissimo !
4/4
CHFAB