09 06 10
SLUG-same
http://www.myspace.com/trappaganottiborghi
label : Off
Finisterre /Ile-de-France, France
Tracks :
1- The Voice beyond the Screen (03:32)
2- I Cannot Sleep in my Room (04:06)
3- My dear Hunter (04:17)
4- Shelter (04:49)
5- Sad Beat (05:54)
6- Dead Trees (05:00)
7- I Can Share this Space (03:27)
8- Speed and Joy (03:28)
9- New Day (03:55)
10- Grey (03:12)
11- Like a Friend (03:57)
Line-up:
Himiko Paganotti: Voices
Emmanuel Borghi: Piano and Keyboards
John Trap (solo): Guitars, drums and sampling
Design: kiekebiche
“La nuit, tous les chasseurs…”
…Sont bleu, pourrait-on répondre aux vues de la pochette d’album de ce
jeune(!!!) groupe récemment formé par l’un des claviers et l’une des
chanteuses de MAGMA, respectivement Emmanuel BORGHI et Himiko
PAGANOTTI, couple également à la ville, très vite rejoint par JOHN
TRAP, guitariste-bidouilleur léonard (nord Finisterre), ayant lui aussi
une bonne quinzaine d’années d’activité musicale, puis, enfin, après
enregistrement, c’est au tour d’Antoine PAGNOTTI (lui aussi chanteur
pour qui vous savez), de venir soutenir le trio sur scène ( 29 mai 2010
à l’Ubu, Rennes, j’y étais !) aux chœurs et à la…batterie!!! Et de
quelle façon!...
Là où on les attendait en pleines zeuhleries, sous le regard
bienveillant de Christian Vander, on a, dès la première plage, le
bonheur étonné de découvrir un univers extrêmement personnel, inespéré
dans le paysage pourtant très éclectique du prog, car singulièrement
moderne et arty (je déteste cette appellation, mais elle est sensée
exprimer un esprit créatif profondément réfléchi et libre, donc
indépendant…tout cela reste bien évidemment à débattre), et jetant avec
infiniment de talent, un réel pont entre symphonisme prog et
electronica. Deux univers à priori extrêmement antagonistes, dont les
deux publics semblent se détester cordialement depuis…presque toujours.
Les guitares, souvent acoustiques, en arpèges, répétitives (façon THE
PINEAPPLE THIEF), alliées aux nappes et ornements du Fender RHODES(
solo jouissif dans « My Dear Hunter », voire orgasmique sur
scène), au piano également, se mélangent admirablement à des samples
pur jus (sans doute souvent joués et fabriqués pour l’occasion), des
sonorités très industrielles, cernées de nuages psychés, de bruitages
naturels (des enfants entre autre). Le tout conférant à ce
premier disque (quel talent !) une atmosphère onirique d’une
allure folle, étrange, mélodique avant tout, et finalement d’une
couleur plutôt apaisée.
D’enfance, il sera grandement question tout au long des titres,
leurs intitulés ne trompant pas, et la voix étonnante (on le savait
déjà mais là, la palette s’est sacrément élargie) d’Himiko, oscillant
entre moues enfantines du plus bel effet ( The Voice Beyond The Screen
), voix coloratures solennelles, le tout bien souvent sur un ton
confidentiel, murmuré, comme pour mieux bercer l’enfant effrayé qui est
en nous. Elle assure également des mélopées planantes très lointaines,
en apesanteur. Imaginez un dialogue permanent entre les comptines
ensorcelées de Kate BUSH, célestes, et les vocalises altières de GRACE
JONES ! Superbe.
Les amateurs de progressif mélancolique, atmosphérique et emprunt
d’émotion ne seront pas en reste, d’autant que certains morceaux ont le
don de décoller, les rythmiques étant assurées à la fois par les
machines, des percussions faites maison (on pense à CAMILLE, et pour
les voix aussi d’ailleurs…), et la batterie simple et précise de John
TRAP, qui tient également toutes les guitares (une basse solide et
ronde pour la scène, tenue par Gabriel DILASSER).
Enfance encore, au détour d’emprunts récurrents à la musique de
« La Nuit Du Chasseur », film admirable de Charles Laughton
(Robert Mitchum…love and hate…), œuvre hantée, oscillant entre
innocence enfantine et violence perverse, ayant déjà inspiré bien des
artistes jusqu’ici (Scorcese, Rodolphe Burger etc…), dont la comptine
est carrément citée ( Shelter), ou bien reprise par Himiko, ainsi que
quelques extraits (Chilren ...! Children…!) du film lui-même. Pour
qui aura déjà vu ce chef d’œuvre du cinéma (unique réalisation de son
auteur), la teneur hautement onirique ne dépareillera pas dans cet
album. En serait-ce même le fil conducteur ?...
Le trip hop plane régulièrement aussi dans ce disque, à l’instar de
PORTISHEAD ou PAATOS, et tout ceci fait bien évidemment mon bonheur,
ouvrant enfin la brèche vers un progressif absolument actuel, tendant
une main heureuse vers un public moins restreint. Aux vues des
références citées ici et là, on ne peut qu’être convaincu d’avoir
affaire à quelque chose de singulier, et donc de neuf.
Même LE MONDE et les INROCK sont de cet avis, c’est dire!...
Je ne peux que vous conseiller d’acheter ce CD, et d’aller le soutenir
sur scène, par tous les moyens (nous n’étions qu’une toute petite
quarantaine à Rennes !) qui seront à votre portée. Vous aurez la
surprise d’y découvrir un groupe de très grand talent, très chaleureux,
modeste, et vous y serez comme moi ébahis par une grande musique.
Onze merveilles, le rêve quoi…
CHFAB
4/4