08 09 09
RAIN TONGUE - Rain Tongue
© Raig Records 2009
http://www.myspace.com/raintonguemusic
RUSSIE
Band:
Alexei Ivanov - Guitar, Bass, Vocals, Piano
Dmitry Bulavintsev - Drums, Percussion
Konstantin Isaev - Accordion
Victoria Nevzhinskaya - Vocals
Lidia Pekur - Piano
Yury Pletnev - Percussions
Tracks
01. Terra (6:10)
02. No More Secrets (1:43)
03. To The Nearest Sun (9:07)
04. Chaparral (5:36)
05. Cloud Atlas (7:56)
06. When Will It Fly Over Them (5:51)
07. Lucky Girl (6:42)
08. Two Minutes To Awaking (1:59)
09. Feathers (11:59)
Bonjour-bonsoir,
vous souvenez vous, chers complices, du lynchage plutôt raide
auquel je me suis adonné lors de ma dernière chronique.....? Elle
concernait un de ces énièmes groupes inspirés par cette vague (que
dis-je: cette déferlante) post rock psyché, initiée principalement par
les contrées scandinaves des années 90, et leur cortèges de mélancolie
électrique, d'une part, et le fameux arbre à porc épics, pour la
vénérable Albion.
A l'instar des champignonnières qui occupent l'espace de nos vieilles
et humides carrières métropolitaines, il doit au moins pousser 3 ou 4
projets similaires chaque mois de cette année 2009...
Alors, forcément, beaucoup de candidats, et peu d'élus, tant le plagiat
se partage la majeure partie du gâteau...Et ben oui, il ne suffit pas
d'avoir LE son adéquat, et de reprendre les canons du genres, déjà
sacrément balisés; guitares salement saturées, coups de boutoirs heavy
metal, claviers hypnotiques, basse et batteries groovy, alternances
entre rivages brumeux et déchirements téluriques, je pense avoir dressé
là les préceptes fondateurs du catalogue. Alors il y a les BALLOON,
ABIGAIL'S GHOST, JOLLY, DEE EXPUS, et dernièrement PARHELIA (que je
n'ai pas, mais alors vraiment pas, manqué d'égratigner, aux vues de la
platitude de leur inspiration, désolé les gars...)
et puis il y a eu CECI.
Rain Tongue, tout droit venu de Briansk, en Russie, nous propose
(enfin), une musique aux saveurs parfois inédites, ou tout du moins,
pas entendue depuis...allez, j'ose le dire: LANDBERK...!
Oui oui oui, avec ces messieurs,on touche à quelque chose de très
proche: une émotion incroyable, plus portée par les nuances et la
subtilité du jazz, que par les portes de l'enfer tapageur (pourtant
parfois si jouissives), une émotion, dis-je, sans sucrerie, sans
autosuffisance, pleinement sincère, et touchant à des palettes d'une
merveilleuse délicatesse...La section rythmique en fait la preuve à
chaque morceau(on peut réellement faire très bon sans longue pièce de
résistance; 10 mn à tout casser), précision, digression, parcimonie,
entrain...bref, on tape du pied, et le cœur se réjouit.
Et puis il y a ces interventions de GUITARE ACCOUSTIQUE, renversantes
de beauté, divines, au toucher et aux compositions superbes.
Que dire de plus...Ah, j'oubliais: il n'y a quasiment pas de chant,
sauf vers la fin de l'album, et il aura plutôt le rôle des vocalises
(belles, elles aussi, simples...).
Vous verrez, ce club des 6 s'attachera à travailler sur la résonance et
le délié des choses, les accords se prolongeront jusqu'au bord de
l'écume, et la virtuosité (entendez rapidité et complexité d'exécution)
ne lézarderont pas une seule fois ces paysage hantés et mouvants...
Côté composition, point de grosses ficelles, mais plutôt des alliages
subtils, entre accords et rythmiques, peu de notes, des ambiances avant
tout. La production (le mixage) est exemplaire, clair, enveloppant,
profond.
Quoi d'autre...
Un accordéon apparaît à plusieurs reprises, ce qui rajoute à la
fraîcheur du propos. Un bémol tout de même (quel emmerdeur ce CHFAB):
la prise de son un peu brut de décoffrage de cet instrument, donne
l'illusion d'un clavier imitant l'accordéon, donc un peu pourri là (un
comble quand même), mais franchement, c'est la seule réelle fausse note
du disque (le premier du groupe, faut le faire), peut être à l'avenir
faudra-t-il mixer un peu mieux les interventions de mister Isaev, car
il représente un vrai atout pour la suite...
Dès la première écoute c'est beau , et plus ça passera, plus vous serez
convaincus, comme moi, qu'on tient là, entre ses mains et oreilles, un
des sommets de ce genre encore confidentiel et mésestimé, mais qui
pourtant témoigne d'une nouvelle ère dans la musique moderne: une
musique puissamment évocatrice, alliant saturation rock et musiques
nouvelles, émotion et hypnose, esprit et corps. C'est du POST PROG ou
PROTO, à vous de choisir.
Magnifique
et bon voyage
CHFAB
4/4