PLATURNO – Insano
http://www.myspace.com/bandaplaturno
Label : MUSEA Records – 2011
Chili
Track list :
1- Apariencias (05 :34)
2- Nacimiento (02 :58)
3- Frenetico (04 :15)
4- Puente (00 :42)
5- Insano (06 :01)
6- Control (05 :35)
7- Nahuelbuta (06 :31)
8- Janitos (04 :20)
9- La Batalla De Seatle (05 :31)
10- Telestai (07 :01)
Line-up :
Felipe Rivera : Guitars, Vocals
Sebastian Aguayo : Keyboards, Bass keyboards
Andres Aguayo : Drums, percussion
« Eloge de la folie »
Mondialisation, voilà un mot du vingt et unième siècle, entendu au
moins une fois par jour, dans nos conversations, sur nos écrans, dans
nos médias, tant son impact semble désormais incontournable, en mal
comme en bien.
Mais déjà, dès les années 70, les amateurs de rock progressif avaient
pu mesurer toute l’influence de l’héritage européen sur le rock (le
prog y puise toute son essence), à travers le monde. Ainsi, outre sur
le continent nord américain, on découvrit assez rapidement des émules
dans le bloc de l’est, au Japon, en Amérique du sud, et même au moyen
orient. Cette prédominance occidentale sur les frontières semblait déjà
faire écho à une sorte de super modèle tant économique que culturel
(dont la pochette ici présente semble dénoncer le résultat : hyper
industrialisation). Certains groupes, ainsi, n’hésitaient pas à gommer
totalement leurs racines, au profit d’un internationalisme plus
vendeur, tandis que d’autres, au contraire, tentaient de conserver leur
langue, leur identité, en y mêlant rock, jazz, blues, et classique. Peu
survécurent (finances obligent).
Mais cette créativité fit florès, particulièrement pendant le renouveau
des années 90, jusqu’à exploser littéralement aujourd’hui,
grâce (entre autre)à la technologie et l’internet.
Rien d’anormal, donc, à ce que je chronique présentement un trio qui
nous vient du Chili, et qui en est déjà à son deuxième effort
(Nucleos : 2006)…Une formation emmenée par les deux frères AGUAYO
(claviers et batterie) et leur acolyte Felipe RIVERA aux guitares…
Donc pas de basses ? Pour un groupe de rock ? C’est une
plaisanterie ?!!
Pas du tout, surtout lorsque ces parties-là sont jouées au clavier. On
a déjà connu du rock sans même une guitare, ou sans basse, et on ne
vous fera pas l’injure de citer les formations concernées…
Voilà donc un super power trio, à la sauce CRIMSON dernière période
(mais pas que), c'est-à-dire particulièrement débridé, anxieux et
frappé, aux riffs dantesques (01, 10), rythmiques rouleau compresseurs
et autres dissonances hypnotiques, brutalement rompues par des
sussurances retenues, pleines d’atmosphères et d’ambiances liées au
trouble et au mystère (on songe au travail de Frédéric LEPEE bien sûr).
Bref, on connaît, mais lorsque c’est si bien fait, on aaaaime !
Secouez-moi tout ça dans un beau shaker platine (exécution top
classieuse), rafraîchi au jazz rock (mixage et sonorités très mid-80s,
claviers et harmonies en tête), aux nappes synthétiques planantes,
space, parfois free, avec une courte pause piano(04), une ballade
magnifique avec violoncelle et chant en espagnol(06), enfin montez le
tout sur ressorts rythmiques (excellente batterie aux habiles
contrepoints), bidouilleries technoïdes, poussées de lourd métal,
apparition d’un trombone, et boucles belles ou vénéneuses de super
Strato-Gibson (07, 08), vous obtiendrez donc de bien belles saveurs
contrastées, souvent harmonieuses (plus que sur l’album précédent
d’ailleurs), entre doux et acide, velours et toile abrasive, voix
humaine et machine infernale, dans ce chaudron d’à peu près 50mn, bien
mijoté, et encore tout fumant.
Croyez-le, vous ne bouderez pas ce plat. Et je vous y engage, gloutons
modernes que vous êtes : vous consommerez sans modération.
(J’espère ne parler que du disque !)
CHFAB
3/4