PIKAPIKA TEART-  Moonberry

http://www.myspace.com/pikapikamusic
Label : AltRock Records
Russie
Track list :
1- Slavyanskaya, Pt. 1  (04 :05)
2- Endless Chant Of The Sliding Bridge In The Declining Day  (05 :01)
3- Shifting Sands Of Time  (05 :37)
4- Rekrutskaya  (0 :55)
5- Slavyanskaya, Pt. 3  (03 :15)
6- Project X  (02 :13)
7- For Glass  (03 :35)
8- Svadebnaya  (0 :49)
9- Slavyanskaya, Pt. 5  (04 :23)
10- ProeMen. Glare Of Sunlight  (03 :27)
11- Moonberry  (06 :26)
12- Plyasovaya  (0 :39)
13- Slavyanskaya Prazdnichnaya (02 :54)
Line-up :   
Maxim Bulatov :Bass guitar
Roman Nikitin : Guitar
Pavel Bushuev : guitar
Evgeniy Kryazhev : Drums, percussion
Sergey Amelkov : Clarinet, bass clarinet
Marina Bulatova : Piano
MaruzyaKozhevrova : Vocals
Guests :
Nastya Zhapovalova : Violin (1,2,6,9,10)
Olga Ziborova : Viola (3,5,7,11,12)

« Des baies de lune »
Belle surprise que ce groupe russe, plus précisément sibérien (brrrr), présenté par le label italien  Altrock (assez prolixe), invitant notre septuor à rejoindre la troupe des amoureux du rock de
chambre, de la trempe de ceux qui l’expriment avec un réel talent, désirant insuffler aux vertiges intellectuels d’un l’héritage indubitablement classique une pulsation toute charnelle, houspillée par  les secousses enivrantes du corps dans l’abandon. Et en effet, dans ce premier disque (inauguration d’emblée réussie), l’âme et le corps s’affrontent à armes égales, tout comme l’harmonie mélodique aime à se mêler aux discordances atonales. RIO me direz-vous ? Sans doute, mais pas que. Jugez-en plutôt à la manière dont PIKAPIKA TEART se définit sur son site web : « Chamber Avant-Rock Postmodern Orchestra », je ne traduirai pas, tant les mots choisis parlent d’eux même.
Dans cette appellation, il faudra sans doute ajouter quelques touches de jazz rock, quelques digressions classiques façon Gentle Giant (la branche harmonieuse), des rivages mélodiques rappelant KOTEBEL, ainsi qu’une forte inspiration du KING CRIMSON des 70s, voire même d’ANEKDOTEN première période, la rage électrique cependant en retrait (ce qui n’empêche nullement de naviguer en eaux troubles et trépidantes, vous l’aurez compris). Ainsi : mélopées, contrastes, cassures, entrelacs envahissants comme tranquilles(03), accalmies contemplatives et mélancolie sont au menu de ce CD, quelque chose qui semble absolument véhiculer cette fameuse âme russe, caractérisée par les sentiments extrêmes (le romantisme à son paroxisme).
Pour commencer, le terme rock de chambre est ici tout à fait approprié. Comme je le disais, malgré la présence de deux guitaristes, leur son saturé n’est exprimé qu’avec parcimonie. Elles se chargent évidemment de tisser de splendides arpèges électroacoustiques, tout en oubliant pas de cracher ici et là quelques salves de matière en fusion.
Mais elles ne dominent que rarement les débats, laissant surtout la place au violon, à l’alto (en invités ici, mais fort présents, et franchement magnifiques), tout comme à la clarinette (soprano et basse, splendides aussi).
Le piano et quelques autres sons de clavier (Canterbury) se partagent quand à eux quelques superbes introductions en arpèges et autres tricotages délicats ou enfiévrés.
De nombreux unissons de toute beauté émaillent et rythment l’album, usant de toutes les combinaisons possibles entre les instruments. Un régal.
Enfin, la culture russe apparaît à quelques reprises, évoquée par les voix a capella de la chanteuse, pour trois chants d’obédience populaire, œuvrant comme une sorte de respiration entre les morceaux conséquents. La encore, la réussite est au rendez-vous.
Pour terminer, il faut évoquer le travail riche et éclatant de la batterie et des percussions tout en nuances (aaah, y a donc du rythme !!!) et de la basse (très volubile), nous enveloppant dans leurs manteaux de valses et tangos nonchalants, leurs syncopes infernales, et leurs ambiances en suspension.  
Vous avez aimé le dernier ARANIS ? Celui-ci semble tout aussi bon, voire meilleur !
Donc pour résumer : voici un premier opus maîtrisé, compositions et technique en tête, sans esbroufe ni virtuosité pourtant, dont je ne saurais que vous conseiller l’acquisition.
Bravo ! et nazdarovié !
CHFAB              4/4


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