PFM – Jet Lag       ©Manticore Records
29/04/2015
Ecrit par CHFAB



For fans of :
ETNA, ARTI E MESTIERI, AREA, BANCO DEL MUTUO SOCCORSO, LE ORME, FINISTERRE, RETURN TO FOREVER, HERBIE HANCOCK & HEAD HUNTERS
Septième album pour le quintette transalpin, à la stature internationale. Et pour cause, JET LAG va être enregistré à Los Angeles, fort du succès remporté lors de la tournée précédente aux Etats Unis. Tout le monde le sait déjà à cette époque : décrocher une tournée aux States équivaut au jackpot, artistique et surtout en terme de ventes d’albums. Pour enfoncer le clou, PFM opère un véritable virage vers le jazz rock, histoire de démontrer à quel point chaque membre est un musicien d’exception (mais était-il besoin de le prouver ?). Il faut dire que l’Italie n’a pas attendu 1977 pour faire montre d’immenses talents en ce domaine, AREA en tête, mais aussi ETNA, qui a frappé un grand coup deux ans auparavant, ou Arti E Mestieri  (je m’arrêterai là, la liste étant trop longue !)…
L’album ouvre sur un titre sublime de FRANCO MUSSIDA, carrément tout seul, à la guitare classique, pour un titre d’un calme et d’une beauté absolument renversants, évoquant la chaleur et le calme d’un rivage d’été au couchant… Remarquable. Hackett au tapis, ou presque ! Le reste tient les même promesses, entre jazz funk led back, façon KANSAS ou MAHAVISHNU ORCHESTRA, le violon de Greg Bloch (un ami de GERRY GOODMAN !)y étant pour beaucoup bien sûr, ou bien encore WEATHER REPORT (Jet Lag) mais c’est aussi compter sans le Fender Rhodes, ou le Moog délicieux de FLAVIO PREMOLI. Premoli n’est pas revenu au chant, hélas ! Oui car si bémol il y a, et il y aura, pour la tournée à venir, c’est le chant de LANZETTI. Une vraie faute artistique, à mon sens ; son anglais mal assuré, ses problèmes de justesse dans les aigus(qui s’avèreront catastrophiques sur scène, la BBC en témoignant épouvantablement), ou même son vibrato hyper forcé (c’est flagrant sur Breakin In, Cerca La Lingua, et The Left Hand Theory !)… Je n’ai jamais pu m’y faire ! C’était déjà valable pour les deux albums précédents ! Pareil pour AQUA FRAGILE, c’est dire ! Flavio Premoli, pourtant sous exploité (à part pour « The World Became The World ») a toujours emporté ma préférence, et de loin ; voix sûre, timbre chaud, puissance, assez proche d’un Demetrio Stratos finalement… bref, il avait pourtant tout pour lui, mais le destin en a décidé autrement !  Les autres membres savent également bien chanter alors ?... Mais revenons aux nombreuses qualités du disque.
JET LAG est une œuvre résolument solaire, radieuse, parfois contemplative (splendide Storia In LA), au groove imparable (mais ça on savait déjà, Di Cioccio étant l’un  des tous meilleurs batteurs du genre), laissant pleinement la place au instruments, improvisant à loisir, sans pratiquement jamais tomber dans le bavardage, ce qui relève de la gageure pour le jazz rock de cette époque, déjà sur déclin… Les compos sont moins symphoniques, bien moins, et affichent une certaine décontraction, presque une fainéantise propre à une après midi au bord de la piscine… On sent la démocratisation des loisirs! Le violon offre aussi une intro a capella sur Cerca La Lingua, évoquant les merveilles de Stravinsky et son Histoire Du Soldat (magnifique !).  La recette éprouvée ailleurs se vérifie tout au long du disque  (un peu systématique peut être) : les harmonies et breaks diaboliques se succèdent, débouchant sur le chœur harmonique des morceaux,et c’est un régal. La basse fretless incarne tous les canons du genre à elle toute seule… La guitare se fond dans les structures, pour mieux en émerger et asséner quelques saillies discrètes mais fulgurantes. Elle s’offre un solo quasi de bout en bout sur Meridiana, stratosphérique à souhait (plutôt inhabituel chez PFM) même si, pour une fois, on s’égare dans une jam un peu artificielle. On y tutoie STEVE HILLAGE, pas moins ! L’archi groove reprend ses droits pour des unissons alambiqués et franchement réjouissants,  lorgnant presque chez AREA, et offrant la part du lion au Fender Rhodes. Bref, du jazz ! Les réfractaires auront été avertis !
D’un point de vue technique, PFM atteint là son sommet, sans aucun doute, même si y on pourrait leur reprocher finalement un petit manque de personnalité, tant les accointances avec les ténors sont marquées (le choix des sons, breaks, et cassures), et tant l’improvisation le dispute à la composition pure. JET LAG demeure malgré tout un très bon disque. Sa version remasterisée de 2010 offre un bonus, avec La Carozza Di Hans en live, avec une version de 14 minutes !… Un morceau très ancien, déjà souvent publié en live (même si joué à un train d’enfer), comportant un interminable solo de batterie, et donc n’apportant pas grand-chose. Dommage… Pourquoi n’avoir rien publié de la tournée qui a suivi ?
La suite se révèlera tout aussi évolutive, moins jazz, plus folk, confirmant un intérêt pour des compositions plus simplifiées, mais toujours magnifiquement arrangées. Peut être leur dernière incursion dans le prog ? Un chant du cygne pour certains…


4/5
CHFAB
Line-up
Franz Di Cioccio- Drums, Percussions
Franco Mussida- Guitars, Lead Vocals
Patrick Djivas- Bass, Moog B12
Bernardo Lanzetti- Lead Vocals, Percussion
Flavio Premoli- Electric Piano, Organ, Moog
Gregory Bloch- Violins

Tracklist:
01. Peninsula; 02. Jet Lag; 03. Storia In “LA”; 04. Breakin In; 05. Cerco La Lingua; 06. Meridiani; 07. Left Handed Theory; 08. Traveler

Site officiel
http://www.pfmpfm.it
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Video
https://www.youtube.com/watch?v=fzJsTx2CQbc





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