Artiste : Moraine
Album : Groundswell
Sortie: 2015
Page:
Editeur: Moonjune Records
Page du label : http://www.moonjune.com/
Mouton note : <3
Support : CD
Auteur : CHFAB
Lien pour la pochette : http://www.progarchives.com/progressive_rock_discography_covers/5026/cover_53217292014_r.jpg
Mots-clés pour catégorisation : Avant prog instrumental, Rock In
Opposition, fusion, jazz rock, expérimental
<br>Troisième album pour ce quintette américain formé en
2005, au style éminemment personnel, oscillant entre avant-garde, jazz,
et progressif instrumental… Le son de Moraine a quelque chose
d’unique, en ce sens que la plupart des débats mélodiques y sont
exercés par un instrument à vent (Saxophone ou la flute, comme
sur le superbe Spiritual Gatecrasher), et le violon. La musique
de Moraine n’est pas symphonique, vous n’y trouverez pas de clavier, et
elle s’exprime davantage sur des formats assez courts. Elle est l’hôte
de l’excellent label Moonjune Records, abritant toute une myriade de
formations, à la frontière du Rio, du new jazz, post rock et
autres réjouissances. <br>
<br>Autant éviter tout suspense, en déclarant qu’il s’agit là
d’un groupe de très grande qualité, et probablement l’un des tous
meilleurs de ces dernières années! Et ce
<i>Groundswell</i> ne dément pas le constat, bien au
contraire ! Comme à l’accoutumée, la musique des américain
emprunte à une certaine gravité, balançant entre inquiétude, humeur
vagabonde, et plages de beauté pure. Bien sûr, l’emploi du violon
évoque le King Crimson période 72-73 (In That Distant Place, Waylaid),
ou Van Der Graaf Generator à une ou deux reprises, de par la présence
du saxophone, évidemment, mais sans pourtant jamais appuyer des
influences qui se font rares au final. On découvre donc tout au long de
l’album une musique instrumentale, alternant passages écrits,
majoritairement, et improvisations. Tout ceci au service de séquences
puissantes, folles, ou merveilleusement nuancées. On y croise des
rythmiques binaires très entraînantes, ou plus complexes, sur la
même plage, avec une égale félicité. La batterie et la basse sont
formidables de fluidité, de retenue, de simplicité. La variété des
ambiances et séquences insuffle, de plus, une attention de chaque
instant. Saluons également l’extrême soin de l’écriture,
particulièrement fusionnelle (les instruments semblent faire
véritablement corps), des arrangements, et du renouvellement sonore,
grâce à l’apport d’effets très réjouissants. Ainsi le violon sait se
transformer en harmonica déchaînée, ou a guitare en orgue saturé très
Soft Machine !.<br>
<br>Le travail de la guitare est assez atypique dans le sens où
elle n’occupe qu’assez peu le terrain, ce qui ajoute à la personnalité
du quintette, ses arpèges ou rythmiques intègrent parfaitement le
travail de la basse et de la batterie, offrant un écrin idéal pour les
deux duettistes de service. Elle s’offre tout de même quelques solos
stratosphériques, hyper mélodiques ou puissants, et utilise même
quelques descentes et montées en <i>slide</i> , cette
technique blues-country, que l’on retrouve entre autre sur l’excellent
Gnashville (on pense beaucoup à Morphine), histoire de nous
attraper là où on ne l’attendait plus. On le dit et le répète, saxo et
violon sont les maîtres ici, sans fard, souvent à l’unisson, ou
dialoguant sur des mélodies écrites, toujours superbes. Ils savent tout
aussi bien faire montre d’un délicieux sens du solo, parfois
<i>free</i>, sur une bonne partie des morceaux. Grâce à
eux, un esprit Rio et rock de chambre règne sur
<i>Groundswell</i>, une tonalité acoustique et finalement
Canterbury aussi. Ici, point d’esbroufe, de la première à la dernière
note, car Moraine est de l’école de la sobriété, ce qui ne l’empêche
nullement de proposer un univers aventureux, très lisible, et
sans cesse renouvelé . Comme pour nous surprendre toujours un peu plus,
le quintette se plait à parfois déconstruire ses propres séquences, au
sein du même morceau. Enfin, pour accroître encore notre attention et
notre plaisir, une flute magnifique apparaît ici ou là (fascinant
Spiritual Gatecrasher, très Anglagardien), ainsi que quelques
impressions électroniques (le morceau d’ouverture notamment). Il
serait fastidieux et superflu de décrire par le menu détail les dix
morceaux de ce disque, tant ils parviennent à séduire, les uns après
les autres… ! Et l’on se prend bien vite à vouloir y retourner,
sous l’effet d’une sorte de douce contagion… <br>
<br>Pour résumer : liberté, inspiration, personnalité,
lisibilité, cohésion, force, folie, émotion, nuance, finesse,
renouvellement… N’en jetez plus !... Il semble bel et bien
que Moraine construise, petit à petit, avec son propre
vocabulaire, une œuvre inscrite dans la durée, à l’épreuve des modes,
rejoignant sans le moindre doute le cortège des musiques d’exception.
Sa place parmi les grands apparaît ainsi comme de plus en plus
légitime, et cet album s’avère déjà être une réussite incontestable.
<br>
<br>Un album qui va compter !<br>
Line-up :
DENNIS REA guitar, electronic interventions, Mellotron;
ALICIA DeJOIE electric violin;
JAMES DeJOIE baritone sax, flute, effects;
KEVIN MILLARD stick bass;
TOM ZGONC drums.
Tracklist:
1.
Mustardseed 03:10
2.
Skein 03:51
3.
Fountain Of Euthanasia 03:25
4.
Gnashville 04:11
5.
In That Distant Place 06:19
6.
Synecdoche 03:52
7.
The Earth Is An Atom 05:12
8.
Waylaid 07:20
9.
Spiritual Gatecrasher 07:17
10.
The Okanogan Lobe 07:40