Artiste: Mathew Parmenter
Album : All Your Yesterdays
Sortie : 11 mars 2016
Page :
Label : Bad Elephant Music
Page du label :
Mouton-note: [ :-| ]
Support : CD
Auteur : CHFAB
Lien pour la pochette : http://www.progarchives.com/album.asp?id=51358
Mots-clés pour catégorisation : pop rock folk
Troisième solo pour le mentor de Discipline, après deux superbes
premiers disques, magnifiques serait-ton tenté de dire
(<i>Astray</i> en 2004, <i>Horror Express</i>en
2008), doublés du retour en fanfare, suivi d'un live transcendant, de
son groupe... On connaît , du moins c'est très fortement souhaitable,
les multiples talents de ce Pierrot toutche-à-tout, natif des Etats
Unis: multi-instrumentiste (le mot n'est pas galvaudé ici; claviers,
guitare, saxophone, violon, percussions etc...), compositeur émérite,
auteur appliqué, arrangeur inspiré, et enfin, et pas des moindres,
chanteur ultra expressif, au visage de lune, costumes et immersion
théatrâle compris. Nul besoin de dire à quel point ce nouveau disque
solo était attendu, tant son univers sombre et singulier,
évoquant le clair obscur des tout meilleur Van Der Graaf Generator,
Genesis ou Crimson, est encore présent dans les mémoires.
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Contre toute attente, <i>All Our Yesterdays</i> est une
déception... Pourtant l'album démarre à son meilleur niveau, avec le
splendide et diaphane « Scheherazade », aux
vocalises délicates, phunambules, avec toujours ce sens
serpentesque de la mélodie. La deuxième pièce, instrumentale, poursuit
dans la même veine, ultra mélancolique et chaloupée, offrant
percussions d'orient et teintements célestes, superbe et...trop
court!...La suite va trancher pourtant, jusqu'à délaisser le caractère
vénéneux et envoûtant auquel le bonhomme nous a tant habitué. Ce n'est
pas forcément son meilleur choix. On sent ici la volonté chez le
bonhomme de proposer des ambiances plus variées, plus solaires parfois,
et plus simples. Une intention louable, évidemment, mais très
casse-gueule, et qui va dérouter voir décevoir. On pourra à la rigueur
rapprocher ces nouvelles compositions, d'obédience plus folk, du tout
premier album de Discipline, la dimension de groupe manquant cependant
cruellement. C'est un écueil que Matthew Parmenter avait pourtant su
dépasser lors de ses parutions précédentes, et de fort belle manière en
général. <br><br>
Une fois de plus il tient ici la totalité des instruments; claviers,
guitares, saxo, accordéon, basse, percussions, batterie (sauf pour
quatre plages, avec un minimum syndical de la part de son comparse Paul
Dzendzel). Les parties de piano, en véritable fil rouge du disque, sont
magnifiques de bout en bout, mais trop souvent elles apparaissent comme
le seul élément soutenant la voix.Tout est en place, joué certe avec
feeling, mais arrangé avec une telle parcimonie, pour ne pas dire
absence, qu'on s'en retrouve ni surpris, ni emporté. Pour le coup,
n'est pas Peter Hammill qui veut... C'est que chaque chanson choisie ne
s'échappe jamais vraiment du couplet-refrain, ou du moins pour des
développements la plupart du temps prévisibles. De plus la section
rythmique (c'est là la limite du tout pris en charge) est
neurasténique, se contentant le plus souvent de marquer la pulsation.
La première écoute est sans appel; on attend patiemment d'abord que
quelque chose décolle, mais bien vite le constat plutôt amer s'impose:
on s'ennuie, d'autant que le tempo ne varie presque jamais,
invariablement lent... Ainsi chacun, fan comme néophyte, fera le même
constat d'une musique un peu longue (les formats étant paradoxalement
tous courts!) manquant de chair, de matière, et peut être
d'inventivité... Quelques morceaux, en plus des deux premiers, sortent
tout de même du lot, comme « Digital » par exemple,
ou le très Van Der Graaf « All For Nothing »,
mais la sensation d'uniformité l'emporte malgré tout, les morceaux se
ressemblant trop souvent pour quon puisse les distinguer. De plus
lorsque le contraste s'annonce, c'est pour délivrer une tentative aux
senteurs particulièrements naives et commerciales (« Stuff In
The Bag » , ou « Hey For The Dance » qui
achève l'album sur un shuffle blues plutôt incongru). Un dernier
mauvais point, ce disque est court, avec une quarantaine de minutes,
renforçant encore l'idée d'inachevé... <br><br>
Gageons que Matthew Parmenter a voulu ici se démarquer du prog
hautement puissant et inspiré de son groupe, qui, on le souhaite très
vivement, perdurera sans doute encore (en serait-ce le signe au
final?), et pour peut être se donner de la matière à une ou plusieurs
tournées solo, auxquelles la musique de cet album se prêtera
certainement. C'est tout le mal qu'on lui souhaite. Espérons surtout
qu'à l'avenir il saura retrouver la très haute qualité de ses albums
passés...