26 06 2010
MY BROTHER THE WIND- Twilight  In The Crystal Cabinet
http://www.myspace.com/mybrotherthewind
label : Record Heaven/ Transubstans Records
Suède

Track list :
1-  Karmagrinder  (13:46)
2- Electric Universe  (10:09)
3- Twilight in the Crystal Cabinet  (03:59)
4- Precious Sanity  (01:47)
5- The Mournful Howl of Dawn  (13:07)
6- Death and Beyond  (16:46)

Line-up:
Nicklas Barker: guitar
Mathias Danielsson: guitar
Ronny Eriksson: bass
Thomas Eriksson: drums

“Ils parlent avec le vent”
En ces temps d’extrêmes certitudes, cernés par une technologie devenue un idéal et non plus un outil, voici un disque singulier, à l’esprit presque d’avant-garde, hors modes, refusant les schémas  tyranniques d’aujourd’hui : la dictature de la forme, le manque de fond, le formatage, la loi du plus grand nombre, et la frénésie de la perfection.
L’idée ici est de rendre compte de ce que produisent les mécanismes du hasard, en affirmant l’éclat et la magie de l’instantané,  défendant définitivement la beauté du  risque et la liberté créative. Le maître mot de cet opus: improvisation absolue !
Pourtant, il ne s’agit nullement d’un disque de jazz (pas dans sa forme en tout cas), mais  bien de rock, un album puissamment électrique, à grands coups de distorsions et de larsens à tous crins.
Deux heures ont suffi à le mixer, et sans doute autant à l’enregistrer. Et le résultat est…splendide.
Pour résumer : Nicklas BARKER, guitariste d’ANEKDOTEN, s’est frotté aux guitares de Mathias DANIELSSON, lui-même guitariste de MAKAJODAMA et GOSTA BERLING SAGA, accompagnés des frères ERIKSSON ( MAGNOLIA   ), avec pour seul mot d’ordre : « on ne sait pas ce qu’on va faire, mais on va le faire !».
L’un des deux guitaristes commence un thème, puis le reste de la troupe s’installe, développant  chaque pièce jusqu’à son terme. Et le mystère opère à merveille, nous laissant pantois devant une telle mise en place, une telle cohésion d’ensemble, une telle homogénéité. L’exercice est réellement passionnant, tant on est au cœur même du processus créatif. Sentir les débats se déplacer d’un musicien à un autre, éprouver les quelques hésitations et attentes des partenaires (06), admirer l’à-propos des arrangements qui se forment sous nos yeux (si l’on peut dire), voilà en quelques mots les sensations qui se succèdent tout au long de cet album. Et il n’est pas nécessaire d’être musicien (c’est forcément une chance cependant) pour apprécier cette idée du miracle en mouvement.


On se souvient encore de METANOIA de Porcupine Tree (fin 90s), rassemblement d’impros hallucinées et géniales, et surtout de SYMPHONIC HAULOCAUST (réunion de membres d’Anekdoten et LANDBERK), qui nous gratifiait d’un long fleuve instantané en fin de disque (17 mn). Le tout sans le moindre texte ni voix ! Si c’est pas subversif ça !...
Et bien ici, MY BROTHER THE WIND puise son humeur dans la puissance mélancolique, la rêverie, et semble découler directement du dernier album précité ci-dessus (il faut dire que BARKER y était déjà présent). Les plages amples et majestueuses s’y taillent la part du lion, alternant avec rock frénétique (02) et espaces infiniment calmes (04), emplis de beauté. Bien sûr, au su des influences majeures de nos musiciens, c’est le Roi Cramoisi qui plane du début jusqu’à la fin, mais cette influence n’est plus vraiment à mettre en avant, tant chacun a su avec le temps imposer son propre chemin.
Le travail des deux compères (le premier a produit l’album du second) est renversant d’inspiration (les thèmes), d’inventivité(les arpèges), de maîtrise sonore (toute en réverbes et distortions contrôlées) et d’abandon (les étirements et les larsens). La basse est décisive pour certains changements de tons ou séquences, la batterie déploie des paysages élégants et changeants.
Que dire de plus ?
Plus qu’une expérience de studio (il manque un public), c’est bien sur scène que l’on semble être, au milieu des quatre, avec ce sentiment très particulier de participer réellement à ce qui est en train de  se produire : la naissance et la taille d’un cristal unique au monde.
MY BROTHER THE WIND est magnifique et admirable.
CHFAB
4/4




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