MARCO RAGNI – Mother From The Sun
20/09/2015
Part One: The Rise And Fall Of Human Heart
Into The Wheel Of Time Audio
Sea Of Vibes Audio
Panting Instrumental
Haven Of Marble Audio
The Light Is Burning Audio
Get Out Of Here Audio
Part Two: The Awakening Of Consciousness
Far Beyond The Line Audio
The First Time I Saw The Sun Audio
Skies Painted By The Wind Audio
In The Air Audio
Breathing Audio
Northern Light Audio
Mother From The Sun Audio
Genre CD
Groupe Marco Ragni
Album Mother From The Sun
Label Melodic Revolution Records
Année 2015
4/5
Formation en
Membres: Marco Ragni [chanteur, guitariste électrique et
acoustique, claviériste, bassiste, programmeur]
Invités: Giovanni Menarello [guitariste acoustique]
Alessandra Pirani [auteure]
Enrico Di Stefano [saxophoniste]
Davide Gazzi [guitaristeacoustique]
Luigi Iacobone [flutiste classique]
Enrico Cipollini [guitariste électrique]
Site officiel: http://www.marcoragni.com/?lang=en
Cela fait déjà plus de vingt-cinq ans que cet Italien encore peu
connu, multi instrumentiste (claviériste d’abord, puis guitariste,
bassiste, chanteur, compositeur), roule sa petite bosse, et ce pour son
propre compte depuis 2009. Trois albums solo, doublés d’un live
officiel, sont déjà sortis, jusqu’à ce qui est présenté
aujourd’hui comme son premier opéra rock, paru à la toute fin
2014, sous la forme d’un double CD : Mother From The Sun. Ne
connaissant pas jusqu’ici sa carrière déjà bien remplie (différentes
formations, en plus de son œuvre solo), nous nous contenterons de nous
concentrer sur cet opus certes copieux, mais non dénué d’intérêt, et,
disons-le d’emblée, d’un certain talent.
Jusqu’ici Marco Ragni se déclarait très ouvertement héritier du
psychédélisme, et d’une pop sophistiquée, la guitare apparaissant comme
son instrument de prédilection. Et effectivement, c’est l’instrument
roi dans ce disque ; folk, acoustique, électrique, elle ne quitte
jamais ni intro ni conclusion, en véritable fil rouge, comme pour dire
qu’au fond, tout ceci n’est qu’affaire de folk songs aux arrangements
ambitieux… On songe inévitablement à Pink Floyd (la pochette en dit
long, fortement imprégnée des imageries de Hypgnosis), avec ses
ballades éternelles, dépouillées comme hyper produites. La comparaison
ne s’arrêtera pas là, tant les arrangements s’abreuvent à la source
même de Waters et Gilmour, avec cependant quelques velléités
personnelles. Tout le catalogue y passe, ou presque ;
constructions lentes, développements spacieux et méthodiques, morceaux
conséquents (trois morceaux entre 15 et 22 minutes !), liaisons
planantes, expérimentations blues psyché, sonorités analogiques période
pré 70s de toute beauté, chant et harmonies en mode mineur, tempos
lents et leads stratosphériques de guitares slide… Tout ceci, sur le
papier, même virtuel, semble connu, reconnu, et archi rebattu, les
groupes de néo prog puisant directement à cette source étant
légions, jusqu’à en obscurcir le ciel progressif, cantonnant parfois
les autres inspirations à l’anonymat. Pourtant, avec ce diptyque
(l’album concept s’articule sur deux longs chapitres) Marco Ragni fait
bel et bien preuve d’inspiration. C’est le véritable tour de force ici.
Ses harmonies, son chant (souvent bien assuré, et dans un anglais très
acceptable), font preuve d’émotion, de conviction, et de personnalité.
Sonner comme, mais avec des harmonies et mélodies différentes, ça n’est
pas donné à tout le monde tout de même! Les prises de guitare folk sont
un peu rêches (mieux vaut une prise acoustique qu’électro acoustique,
les micros montrant souvent leurs limites), mais la production fait
montre d’une très belle ampleur, et ce sans jamais saturer le paysage
comme c’est bien trop souvent le cas actuellement. On se prend à suivre
chaque pièce, dont l’ensemble opère une vraie attention sur l’auditeur.
Tout n’est pas forcément renversant, mais la somme de travail ainsi que
la réussite d’un très grand nombre d’ambiances l’emportent bel et bien.
Il faut préciser que notre italien endosse quasiment toutes les
casquettes (mais il est loin d’être le seul), et que superviser un tel
ensemble force une certaine admiration. On sent, de façon presque
palpable, l’homme à l’ouvrage, composant, tâtonnant avec son électro
acoustique, cherchant un écrin pour chaque texte (écrits pour lui),
échafaudant, couche après couche, thème après thème, son édifice. Il y
a dans ce disque l’impression du fait main, d’une beauté artisanale, ce
qui ajoute à son charme. De plus, pour palier à quelques manques, il a
fait appel à des d’invités ; saxo, guitares, flutes, embellissant
les morceaux de leurs interventions (une mention pour la flute,
somptueuse)… Les batteries cependant sont programmées, mais plutôt que
de faire illusion avec du tapage, il a choisi leur plus simple
expression, un peu à l’instar d’un The Wall (puisqu’ il faut
comparer), ce qui finalement sert plutôt bien un propos se voulant
majestueux, mélancolique ou solennel. On le répète, les moments forts
ne manquent pas, les passages planants et psychés étant certainement
les plus réussis, et quand à la sincérité du propos, elle est de chaque
instant.
Alors bien sûr, un double CD, avec près de quatre-vingt minutes de
musique (1h20 !), c’est un peu trop, surtout dans une époque comme
la nôtre, où ceux qui écoutent un album d’une traite se font de plus en
plus rares, et où le retour au vinyle favorise des formats plus
digestes. Ragni a comme excuse d’avoir scindé l’album en deux
parties distinctes (même si musicalement elles n’apparaissent pas si
contrastées, la deuxième partie apparaissant comme un peu plus décousue
tout de même). Libre à chacun de décliner ce disque comme il l’entend,
bien sûr, mais il est tout de même difficile de ne pas éprouver une
certaine monotonie sur une telle durée…
Pour conclure, sans faire forcément date, Mother From The Sun a
pourtant bien des atouts, et apparaît peut être comme le dernier album
des Floyd qu’on aurait sans doute pu être en droit d’espérer. C’est
déjà beaucoup, c’est même énorme quand on y pense ! Les
amateurs de ballades folk rock et néo symphoniques apprécieront
beaucoup, quand aux autres, ils pourront constater que dans le genre,
on est tout de même ici nettement au dessus du lot. Une vraie batterie
et plus de concision pour le prochain effort, et l’essai sera
définitivement transformé. En attendant, ne boudons pas ce plaisir…
Facebook:
https://www.facebook.com/Marco-Ragni-Songwriter-1494847694080570/timeline
Site: http://www.marcoragni.com/?lang=en
Video: https://www.youtube.com/watch?v=Qv88PfQrJV8
Rédigé par CHFAB le 20/09/2015
Discographie :
2010 In My Eyes
2010 Marco Ragni Live at the House of Thunder
2011 1969
2012 Lilac Days