28 02 10
MAD CRAYON- Preda
http://www.madcrayon.it/home.html
http://www.myspace.com/madcrayon
Autoproduction
Italie
Track list:
01- Re Schiavo - part 1 (06:20)
02- Preda – part 1 (06:49)
03- Pedra – part 2 (06:07)
04- Gabriel (07:09)
05- Xoanon (08:19)
06- Isola Di Sara (08:19)
07- Sovrano Dell'ilusione – part 1 (06:26)
08- Sovrano Dell'ilusione – part 2 (10:45)
09- Re Schiavo – part 2
Band Members:
Daniele Vitalone: vocals, guitars, basses
Alessandro Di Benedetti: Vocals, keyboards
Daniele Agostinelli: keyboards
Federico Tetti: Vocals, guitar
Fabiani: Drums
Luca Cleri: Guitars
La classe à l'Italienne...
Dix ans!!!! dix longues années se sont écoulées depuis la
parution du formidable DIAMANTI (1999), un album qui m'avait
cloué sur place, bourré d'idées, d'une classe rare, d'une inventivité
mélodique superbe, baignée de classique et de jazz rock...J'étais dans
la Drôme, c'était l'été, et le disque m'accompagnait très
régulièrement, en de longues plages de beauté lumineuse, au pied des
vallons luxuriants, sous un soleil éclatant, emporté par une passion
amoureuse extrême (aujourd'hui révolue), le long de chemins blanc
foudroyés de calcaire, d'une ruelle fraîche à l'autre...et je rêvais à
la Toscane...
MAD CRAYON contribuait à tout ce bonheur, et semblait demeurer
unique, comme un cœur de quartz, pris dans la gangue du temps.
Voici leur nouvelle production, une si longue attente (dix ans,
c'est presque toute une vie) n'a certes pas été vaine...
Nos cinq petits futés viennent à nouveau de nous délivrer un album
d'une classe folle, d' une vitalité incroyable, logiquement dominé par
ce que le rock peut délivrer de plus jazz, par essence (avec ce souci
de l'instantané, du moment unique, de l'improvisation), avec néanmoins
un sens remarquable de la structure, et de la composition. Ouverture et
fermeture, digression, développement, changement de ton,
renouvellement...
Cool, oui, la pulsation y est incroyablement cool, délivrée par une
basse tellement funky, terriblement volubile, très à l'aise dans les
soli (on pense régulièrement à JONASZ REINGOLD des Rois Fleur, ya pire
comme référence..), puis aussi une batterie très épanouie, hyper
précise, tout autant que subtile et nuancée (le niveau est
d'exception), tentant même parfois une approche assez « drum
machine », faite de boucles (jouées pourtant live, dans la
foulée), à l'aide d'effets convaincants, pour certains enchaînements.
Les guitares (ils sont deux à en jouer) sont constellées de blues, de
jazz, de riffs mémorables, heavy ou grovy, mais elles savent
aussi se faire classiques, jusqu'aux 12 cordes (délicieuses...),
ou constamment traversées de rubans wah wah funky à souhait, le tout
très racé, terriblement élégant...
Les claviers nous régalent de sonorités analogiques,de digressions
pertinentes, de soli formidables (On pense à JOEY ZAWINUL de WEATHER
REPORT), d' Orgammond en-veux-tu-en-voilà, des cortèges jazzy de Grand
Piano, à faire pâlir de nostalgie monsieur ANTHONY BANKS
lorsqu'ils se font romantiques ( «Sovrano Dell'illusione
part 1 », admirable...), et, ô géniale nouveauté: « de
sublimes boucles space, très hypnotiques, façon OZRIC TENTACLES
(« Xoanon », fantastique).
Le chant est typiquement d'inspiration transalpine, donc dépouillé
d'affèteries inutiles; humble et sincère, baigné de choeurs très
réussis, et d'accents occasionnellement dramatiques (« Sovrano
Dell'... » encore une fois, une des pièces maîtresse)...
Pour les textes, malheureusement à l'heure où je vous parle, je n'ai
pas le livret en main (comme souvent, car on reçoit la plupart du temps
nos albums en version mp3, avant d'en posséder la copie physique...
veuillez donc nous en excuser...), je ne pourrai pas non plus fournir
d'explication à la pochette plutôt déconcertante du disque, et
passablement inesthétique (le sens, sans doute relié à l'esprit du
disque, me manque un peu, j'y vois tout de même une allégorie de
l'hypercompétitivité sociale, du pouvoir de l'argent, et de
l'asservissement, on verra si le groupe me donne raison).
Donc, pour conclure: du talent, du talent, et encore du talent, tant
chaque pièce est une réussite, résumons: jazz-rock très mélodique, très
classieux, Funk, symphonisme superbe, rythmiques en diable, sens inouï
du développement, de l'à propos, en ayant toujours en tête
l'esprit « chanson », on marche forcément sur les plus belles
terres, et l'on y évoque à l'envie THE TANGENT (avec à mon sens
infiniment plus d'inventivité) ou ECLAT (Marseille, dis-nous, à quand
leur nouvel album?) par exemple, pour ne citer que les plus
fédérateurs, tout en saluant ici une très grande personnalité à ces
italiens rares.
MAD CRAYON demeure indubitablement un groupe faisant preuve de génie.
Une claque?
Non, LA claque.
Je peux donc patienter dix ans encore.
...INDISPENSABLE...
CHFAB
4/4