Chronique de Space Muffin



                                                                  




Mountains  audio
                                                                  Secret Place  audio
                                                                  Spacewalk  audio
                                                                  Bare Knuckle  audio
                                                                  Born To Suffer  audio
                                                                  Lies Of Mind  instrumental
                                                                  Try To Save The Appearances  audio
                                                                  NGC 2244

Genre CD
Groupe Kayleth
Album Space Muffin
Label Argonauta Records
Année 2015

Tout droit venu d’Italie, et ce depuis déjà neuf ans, après trois albums et une démo (2006, 2008, 2010,2012), nous arrive le tout nouvel album de Kayleth, quatuor stoner metal, (ou l’inverse !), tout fraîchement augmenté d’un claviériste. Donc un quintette si vous comptez bien… Space Muffin, pour les amateurs et suiveurs du groupe (ce qui n’est pas mon cas au moment où je découvre ce disque), a la vertu de proposer des rivages inédits, poussant un peu plus son rock musclé vers des territoires psyché, et plus franchement space.
Rassurons immédiatement les inconditionnels de Orange Goblin, Kyuss ou Hawkwind : ici, point de soli interminables d’orgue Hammond (dont je suis personnellement friand !) ou autre mini Moog, Arp Pro, Rhodes et consorts, ni digressions symphoniques, ni guitar hero. En effet, c’est bien au royaume des guitares plombées, disto et riffs à l’unisson avec basse et son craspecs de tout poil, que vous êtes conviés, et sans détour!... La messe est dite ? Pas complètement. Si synthétiseurs il y a, c’est bien pour habiller discrètement et simplement, mais de jolie manière, le tout de voyages nébuleux et lysergiques. Seul « NGC 2244 », dernier morceau et seul instrumental, très réussi d’ailleurs, bien qu’un peu court, illustrant parfaitement la science fiction mélancolique de la pochette, proposant nappes dominantes et leitmotiv de clavier, saura démentir ce disque. Une voie à suivre, indubitablement. Une ou deux autres pièces de cet acabit auraient largement remporté le morceau ! Non, fidèles sans doute à une tradition hard heavy garage, les compos sont, comme il se doit, ramassées, et n’y vont pas par quatre chemins, le couplet refrain s’offrant parfois à l’occasion quelques contrastes saisissants, même si ,se faisant, sans vraiment satisfaire la fibre prog qui nous anime. Après tout il en faut pour tout le monde, et le rock direct, me direz-vous, sait aussi donner un petit coup de frais à nos esgourdes parfois trop ambitieuses, nous gardant du coup de ce satané sectarisme inconscient .
Le chanteur emprunte volontiers au gosier de Lemmy des Motorhead, assénant chaque morceau avec force et conviction. Mais la mélodie du chant pêche quelquefois par manque d’originalité, ne sachant pas toujours se démarquer de ce que proposent les trois autre sbires. En gros il est un peu convenu. Question de goût peut être.  La section instrumentale est très solide, efficace, et maîtrise très bien son sujet. On se prend plus d’une fois à marteler et headbanger avec eux, y a pas à dire !... Les soli de guitare pourtant ne sont pas légion, à part « Try To Save The Appearences » et « NGC 2244 » :  nibe ! Et ils sont assez classiques dans leur forme et leur exécution.
L’album  n’excède pas les trente-cinq minutes (un peu court non ?) et reflète le propos « straight to the point », sans fioritures, des morceaux. Alors après tout ça une question inévitable de pose : l’amateur de progressif y trouvera-t-il son latin, lui qui les aime tant, justement, les fioritures ? Ce jeu brut et souvent uniforme saura-t-il le satisfaire pleinement ? Se consolera-t-on avec des tonalités éventuellement mélancoliques, frisant vers le post rock, le gothique ou doom psyché, comme ça aurait pu l’être ? Non, autant le dire tout de suite.
Pourtant, quelque chose nous accroche bel et bien. Est-ce le travail de la production, tout à fait excellente, ce mur du son particulièrement dévastateur, ample et idéalement spatialisé (c’est quand même du space rock !), ou alors cette façon masquée de varier, avec les tempos, les arrangements, les effets planant, ou bien encore les quelques rares niches d’accalmie aux ambiances bienvenues, belles et prenantes ? Peut être un peu tout ça à la fois. Toujours est-il qu’on ressort de ce Space Muffin avec le sentiment d’un gros potentiel, et cette idée que les italiens devraient, à l’avenir, être capables de proposer un stoner beaucoup plus complexe et éclectique, si le cœur leur en disait bien sûr. L’exemple d’un Motorpsycho ou Amplifier, ne serait pas déplacé… Car messieurs, il ne s’agirait nullement d’y perdre son âme, mais plutôt de la développer, la colorer, la « sensualiser » peut être…
En attendant, ceux qui ont envie de s’atomiser la moelle épinière, de s’asperger d’essence et de bière tiède, de mettre le feu au tout avec leur zippo préféré,  n’y bouderont certainement pas leur plaisir, en plus des fans des groupes précités. Les autres passeront leur chemin. Les plus curieux d’entre nous réécouteront, et patienteront,  peut être bien moins longtemps qu’on ne le pense.
Ce choix d’orientation appartient désormais à Kayleth… Rappelons qu’on en a vu pas mal perdre en chemin leurs oripeaux de très gros méchants, au profit d’émotions plus nuancées, plus contrastées, plus riches en un mot… et peut être plus affiliées prog ! Suivez mon regard… « Des gonzesses ! » ont dit certains !... mouais…
A suivre d’assez prêt…
3,5 /5
Rédigé par CHFAB

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