JACK DUPON- Demon Hardi
http://www.jack-dupon-rock-progressif.net
Label : Musea Records
France
Line-up :
Arnaud M’Doihoma : Bass, Vocals
Grégory Pozzoli :Guitars, Vocals
Thomas Larsen : Drums, Percussion, Vocals
Philippe Prebet : Guitars, Vocals
Track list :
1- Le Labyrinthe Du Cochon(09 :15)
2- Jeudi (De) Poisson (10 :34)
3- Sombre traffic Sur Le Nil (03 :41)
4- La Marmite Du Mygmée (08 :56)
5- Le Château De L’Eléphant (06 :24)
6- Cravate Sauvage (09 :28)
7- Opression, Dépression, Les Valeurs Du Cool (13 :37)
« N-O-T-R-E T-E-Té D-A-N-S L-A
M-A-R-M-I-T-E »
Deuxième album pour ce turbulent quatuor auvergnat (depuis 2004 si j’ai
bien compris), dont le premier effort avait déjà soufflé les braises de
la curiosité dadaïste, avant-gardiste, dont l’humour à l’os avait déjà
porté haut et fort notre langue française, nous frappant dans sa force
évocatrice.
Alors oui, pour une fois (et ça fait du bien), je vais commencer cette
chronique en abordant le discours que développe le disque.
Ici, JACK DUPON nous présente sept morceaux pétris d’énergie, de talent
et de classe, égrainant à la toile Emery leurs humeurs exaspérées. Il
semble en effet qu’ils n’auront de cesse de décrire les symptômes d’une
société très visiblement anxiogène, peu encline à la spontanéité,
indifférente aux valeurs éthiques(01), dominée par l’appât du gain(01,
06), la mesquinerie, l’égoïsme consumériste(02, 05,06) et bien sûr la
folie (02)paranoïaque(04).Tout ceci n’étant bien évidemment que le
fruit de ma propre interprétation, tant leur écriture passe par le
filtre de la poésie jusqu’à l’absurde (mais pas tant que ça), proposant
un niveau de lecture déclinable à l’infini. Ceci dit, le ton étant
résolument acerbe et hautement ironique, et leur musique suffisamment
débridée et atonale, on devine leurs intentions sans aucune difficulté.
Il suffit d’ailleurs de se pencher sur le titre et la pochette du
disque (colonialisme chic) pour achever de se persuader qu’il s’agit
bien de nous que l’on dépeint. Une mention pour le super travail de
RENARD aux visuels.
Musicalement, l’inspiration épouse littéralement le verbe (à moins que
ce ne soit le contraire), assénant, morceau après l’autre, de
nombreuses séquences absolument débridées, électriques en diable,
fourmillant de cassures, grouillant de styles jouissivement télescopés.
Indécrottables du GONG narquois (05), du KING CRIMSON le plus sombre,
de PSEU (qui connaît ?), du ZEUHL en rage et autre R.I.O
accessible, vous allez pouvoir vous en mettre jusque là, tant
l’exercice est bouillonnant, et non moins réussi. Car tout suinte la
fluidité dans ce skeud, malgré une première impression roborative (pour
certains), « Démon Hardi » se déroule avec une grande
clarté, laissant une très grande place au mélodique, pour des moments
puissants, scandés, martelés parfois jusqu’au point de fusion, mais
aussi groove, blues, jazz, cool ou funky. Il est aussi important de
noter que l’émotion apparaît régulièrement pendant les 55 mn du CD,
bien plus que sur leur premier album en fait.
Deux guitares furieusement acide-et-wah-wah, saturées comme on aime,
s’entrechoquent avec délice contre une batterie et une basse
impressionnantes de maîtrise, pour un haut degré d’inspiration. Les
vocaux, vous l’avez déjà compris, ne sont pas en reste, car tout ce
petit monde s’y emploie, bassiste en tête, en s’amusant comme des
petits fous. Et avec ces quatre là, jamais l’envie d’en foutre plein la
vue ne se pointe, on y sent l’extrême plaisir de jouer, sans aucune
intention de virtuosité, et il en va de même pour l’esprit des
compositions. Enfin, la mise en son est exemplaire, précise, simple,
ample et spacieuse, la grande classe sobre.
Alors comme ils le déclinent eux-mêmes : « J’ai envie
d’oreeeeeeeille… »
Il n’y aura sans doute que les intégristes du lyrisme prog positiviste
et premier degré (Asia ? Jon Anderson ? Moon Safari? Flower
Kings ? Neal Morse ?) pour détourner une tête déjà toute
effarouchée. Brrr… j’imagine leur souffrance !
Aux autres, je n’ai qu’un mot à dire :
Excellent.
(P.S : Jack Dupon sera présent au prochain festival RIO de Carmaux
, septembre 2011)
CHFAB
4/4