HEAVY WATER EXPERIMENTS – Philosopher Queen - © Stone Stallion Rex
records (Germany)
Ecrit par CHFAB
09-09-2012
« Roi en son domaine »
Et les revoici, les Experiences en Eau Lourde, après deux ans de
retraite (relative, évidemment), un « Drops » en 2010,
et un 1er album éponyme en 2008, chroniqué alors par votre serviteur…
Qu’y a-t-il au menu ? A-t-il changé ? Sont-ce de
nouvelles vapeurs hypnotiques, corrosives, infiniment sensuelles,
garage et total psyché comme David MELBY (chantre du projet,
compositeur, chanteur, guitariste, bassiste et claviériste) a su si
magnifiquement faire preuve jusqu’ici ?
Oui, et non. Je m’explique. Nous avions laissé HEAVY WATER EXPERIMENTS
au beau milieu de voluptueuses mélopées, à la voix particulièrement
caressante (caressée ?), semi susurrée, dont il était bien
difficile de ne pas tomber sous le charme absolument trouble, additif
au possible… PHILOSOPHER QUEEN démarre d’entrée de jeu avec un
instrumental de très haute volée, absolument stratosphérique, au groove
diabolique, comme à l’accoutumée avec HWE, surplombé par une sorte de
sirène fantomatique, splendide…Et puis, et puis… Vient la plage
suivante, et là, on se prend un changement en pleine gueule, plutôt
déconcertante, il faut bien le dire… Ce n’est plus la même voix (le
même chanteur ?) qui officie au chant… ! Et le contraste se
fait de taille ! Exit les murmures vénéneux au creux de
l’oreiller, voici qu’entre en scène un chant clair, vibrant, lyrique et
nasillard ! Pensez un peu au chanteur de feu Chandelier (excellent
néo prog allemand des années 90, je vous conseille au passage Time
Code, leur dernier album), avec une sorte d’aigreur narquoise dans le
gosier, très en rupture (en apparence du moins) avec la musique
proposée. Pour ma part, j’ai eu du mal à m’y faire au début, et nombre
d’entre vous ferons partie de ceux qui regretteront le chant précédent,
mais cela mérite un peu de patience. Je parle bien ici de chant, car en
fait (et je le tiens de lui-même), il s’agit toujours de David MELBY au
micro !... Cette nouvelle direction est due à
plusieurs facteurs : le hasard d’abord (cherchant un temps à faire
tenir le lead à une voix féminine, il a tenté de s’en rapprocher pour
ses démos), les contraintes techniques (trop difficile de sonoriser
correctement son chant précédent sur scène), enfin artistiques (envie
d’aller de l’avant, tout simplement). Chacun se fera son opinion, tout
en précisant que l’accoutumance se fait petit à petit, les dernières
compos du disque servant de mieux en mieux cette nouvelle texture
vocale. De plus, PHILOSOPHER QUEEN s’est adjoint également les
splendides vocalises d’une jeune chanteuse, évoquant régulièrement les
plus beaux airs de Morte Macabre, des Giallos italiens (thrillers des
70s) et autres comptines divinement clair-obscures… Divin… Les
rythmiques sont une fois de plus absolument groovy, jouissivement
entraînantes, sexy à souhait… la musique, elle aussi, a évolué, se
faisant beaucoup plus riche ; de sonorités nouvelles, tout d’abord
( clavecins 60s façon Doors ou Star Trek, claviers analogiques,
ponctuations stridentes et obsessionnelles de synthés et larsens, très
krautrock, carillons, douze cordes, piano, et toujours avec les
guitares et basses vrombissantes et vénéneuses, hard à souhait…),
d’arrangements (enluminures, effets et stéréo splendides), et de très
belles velléités symphoniques (nappes, claviers, instruments annexes,
ambitions mélodiques), pour un album au final varié et progressif
(psyché + symphonique). Le propos y est particulièrement majestueux et
sombre (un fort rapprochement avec la dernière B.O. de Nicklas Barker,
des Anekdoten, la pulsion rock en plus, à l’image d’un Motorpsycho plus
cool). Qui s’en plaindra ? Ne boudez donc pas ce nouvel opus, je
vous en prie, faites fi de cette voix déconcertante de prime abord
(pour ceux qui connaissaient déjà le groupe du moins), et somme toute
assez prenante rétrospectivement (un peu maladroite dans les graves,
c’est tout). Après tout, d’autres groupes ont opéré ce genres de
mutations, laissant parfois sur la route quelques inconditionnels, et
rassemblant aussi de très nombreux nouveaux amateurs. J’en vois deux
d’emblée dans le prog, nul besoin de les citer, n’est-ce pas ?…
Alors réjouissons-nous plutôt de cette nouvelle signature pour HWE sur
un label allemand, ouvrant un peu plus les portes vers l’Europe, et
donc pour quelques concerts à venir ! Croyez-moi, insistez et
laissez-vous emporter, vous ne le regretterez pas, de nombreuses
tribulations en tapis volant vous y attendent. Longue vie aux nouvelles
Expériences !!!
3/4
Line-up :
David Melby : Composition, lyrics, Lead Vocals, Guitars, Bass,
Keyboards
Guests :
Roberto Salguero : Drums
Kathryn Trautner : Backing Vocals
Track list :
01. Prelude (3 :52)
02. Philosopher Queen (3 :30)
03. Downward Spiral Stairways (3:42)
04. Black Glass Chateaux (4:15)
05. Wan Concubine (4:52)
06. Afterlives (4:52)
07. Course of Empire (4:29)
08. Corbis and Cordelia (4:03)
09. I Almost Exist (4 :58)
10. Requiem for Sunlight (5 :24)
http://www.myspace.com/heavywaterexperiments