10 11 09
GALADRIEL – Calibrated Collision Course – 2009
http://www.galadrielmusic.com/
label France: Musea
Track list:
1. Blind Hostage (5:53)
2. Leap Of Faith (7:05)
3. Calorie Street (5:09)
4. Press? Sure! (6:56)
5. Views From A Greenhouse (6:23)
6. As Big As Bang (20:26)
7.
Consumer Satisfaction
(6:24)
Total Time: 58:29
Line up:
- Jesús Filardi / lead vocal & keyboard programming
- José Bautista / bass & keyboard programming
- Javier Inigo / drums, except (1)
- Andy Sears / backing vocal arrangements and execution
- Jean Pascal Boffo / electric & acoustic guitars (1, 4, 5, 6 &
7)
- Santiago Pérez / piano & keyboards (2, 3, 4 & 6)
- Javier de las Heras / electric & classical guitars (2 & 3)
- Chema Arribas / electric & acoustic guitars (5 & 6)
- Miguel Afonso / accordion (6)
- Gloria Montero / lyric vocals (6)
- Veronica Filardi / vocals (5)
De la richesse à la surabondance...
Ah...Me voilà encore une fois de retour sur moi-même, à explorer
quelques pans de ma jeunesse (pas si lointaine pour l'instant) dans les
années (bénies pour le prog) 90, à Paris...
Nous sommes à peine 50 (!!!!) à avoir pénétré le CLUB DUNOIS, lieu très
confidentiellement mythique pour nos chères musiques progressives. Nous
sommes le 9 mai 1998 exactement, et nous sommes sur le point d'assister
à une soirée prog, honorée de la présence de pas moins de 3
concerts...on aurait cru rêver à cette époque (déjà). A l'affiche:
NEBELNEST (qui déclara forfait et fut remplacé au pied levé par
GULAB JAMUN, groupe francilien très fortement influencé par ZAPPA, et
dont la voix claire du chanteur avait frappé mon esprit),
ECLAT (dont j'étais fan, depuis mon premier concert à Marseille,
en première partie de Jean Louis Auber , à l'occasion de son premier
album solo, vous me suivez? À l'époque, le groupe s'appelait ECLAT DE
VERS...!),
et enfin, en groupe principal: GALADRIEL. (ah enfin...)
Pon était pas plus de 50, je vous dis!...au point que la fosse était
vide, et nous étions tous assez sagement assis dans les quelques
gradins de la salle.
Les prestations précédentes furent excellentes, puis ce fut donc le
tour de ce groupe espagnol, dont je ne connaissais...rien...(j'étais
venu pour Eclat).
Devant la vacuité (c'est le moins qu'on eut pu dire) de la fosse, et
donc la distance certaine qui séparait le groupe de nous, ça semblait
jeter sur Jesus Filardi (dont les jeux de scène , costumes, et
lumières, avaient étés un peu travaillés) un voile d'embarras certain.
Celui-ci pourtant ne se laissa pas plus démonter que ça, et
entreprit d'évoluer totalement et tout au long du set (tout l'album
MINDSCAPERS!!!) dans cette fosse, devenant désormais la seule scène du
chanteur, le groupe jouant derrière...sur le scène!
Cela avait fini par donner à la musique une dimension supplémentaire,
et servait finalement fort bien le propos des ibères.
Filardi bondissait, escaladait (sous les bruitages d' hélicoptères,
machineries et autres bruits soudain), faisait des pauses au milieu des
fumigènes, et mimait, parmi les lumières pourtant un peu chiches du
Club...Même si le sentiment de répétition avait fini par s'installer à
la longue (systématisme des pauses), ce type avait emporté le public
avec lui...
Et pas que le type; je dois dire que j'avais été particulièrement
estomaqué par la profusion musicale à laquelle j'avais assisté, doublée
d'un niveau d'interprétation tout bonnement formidable. Vraiment
beaucoup, le tout exigeant une digestion particulièrement importante,
et pour l'œuvre, et pour sa première découverte...
Beaucoup certes, mais j'étais conquis (il faut aussi préciser que j'ai
fait des études de musique, étant gosse, ce qui me permet en général de
gagner toujours un peu de temps sur l'appréciation d'un album, ou d'un
concert).
J'avais donc acheté le CD suite à cette soirée magnifique (vécue en
solitaire, comme systématiquement à l'époque, n'ayant à ce moment là
aucun pote amateur de prog, ou presque...Ben non...), et je le
programmais assez régulièrement dans le métro ou chez moi, à cheval, à
bicyclette, en taxi, j'en passe...Et puis, et puis, j'ai dû
maintes fois faire fasse à des désagréments financiers,
sacrifiant à la revente les quelques CDs que j'estimais non
indispensables, Galadriel en ayant donc fait partie...C'est la vie...
Bon, back to the future, et nous revoilou aujourd'hui...
Bien, donc 8 années ont passé (tiens dans ta gueule!) et Filardi et
Bautista reviennent avec une nouvelle œuvre tonitruante, et le mot est
faible.
Il semblerait que ces deux compères ont décidé de rattraper le temps
perdu, en injectant dans chacune de leurs pièces, mille idées à la
seconde, mille thèmes, mille instruments, mille ruptures, mille breack
rythmiques, mille et une nuits, en l'espace d'à peu près une heure de
musique...
Bon, forcément ça donne envie comme ça, d'autant que le niveau
instrumental est tout bonnement ahurissant...je rappelle que cette
fois, JEAN-PASCAL BOFFO tiens les guitares, en plus du mixage!...
Et la corne d'abondance qui n'en finit pas, mais alors n'en finit pas,
de ne pas finir; vous l'aurez compris, c'est un peu trop à
première vue (écoute).
Les temps morts sont extrêmement succins, et sont intégrés dans chaque
compo. On aurait aimé un, deux, voir trois morceaux calmes,
tranquilles, contemplatifs, juste pour respirer. Mais...
C'est comme si chaque pièce était un album à elle toute
seule.
La voix de FILARDI est magnifique, inspirée, plus mature, emprunte d'un
nouveau vibrato superbe
et pleine d'expressivité, théâtrale à souhait.
Le propos se veut, une fois de plus, être le reflet de notre
civilisation « moderne », bouffée par une idée très addictive
du progrès, insufflant à la musique des ombres touffues, traversées de
rais jaillissant de lumières, une certaine idée de la cacophonie.
En effet, on devine très rapidement que l'échafaudage, ahurissant
d'intensité, est un miroir parfaitement tendu à nos vies consuméristes
folles, à la quantité extraordinairement inquiétante d'images, de
spectacles, d'objets, de vêtements et de nourriture que nous
accumulons, sur les autoroutes de notre occidental ennuie...
Mais, messieurs, on pourrait tout aussi bien vous suivre, sans pour
autant appliquer nos affreuses recettes à la lettre.
Trop finit certainement par tuer le trop. Ce que l'on veut dénoncer,
finit par devenir illisible, de par le procédé même, et la forme
utilisée.
Ce fut exactement le même cas pour le film de YANN KOUNEN, adaptant le
roman incendiaire de Frédéric Begbeider, sur le monde de la publicité,
intitulé « 99 FRANCS », le film subissant la
fascination des images, alors que son but était de la dénoncer...
Les espagnols se sont tout de même fendus d'une production et d'un
mixage franchement ex-tra-or-di-naires, à la hauteur d'un tel
maelstrom.
Le serpent s'est-il donc mordu la queue? Galadriel a couru le risque,
laissant sans doute quelques auditeurs sur le bord de sa route
frénétique...
On pourrait en fait alors, peut être, imaginer CALIBRATED COLLISION
COURSE comme étant un recueil de poèmes, dans lequel on
piocherait ça et là une ou deux pages par jour, et la somme du temps
passé à le faire, nous instruirait bien plus sur son auteur et son
contenu, que sa lecture entière, d'une traite, sans interruption.
Ceci dit, une œuvre comme celle-là, nécessite de facto beaucoup de
temps, pour en saisir tout la moelle (les moelles plutôt). Si c'est
réussi, on se surprendra à continuer longtemps, à être sidéré par tant
de degrés d'écoutes, de lectures, dans un tel mille-feuilles, à
l'instar d'une œuvre-somme, comme Gulliver, Les Mille Et Une Nuits, Le
Mahabarata, L'Illiade et l'Odyssée, les romans de Jules Vernes, L'Age
de La Déraison de Greg Keyes (lisez-les 4 tomes!), et autre Seigneur
Des Anneaux, si, et seulement si, c'est un album réussi...
Le temps sera bon conseiller sur cette affaire...
En attendant quand même: quel talent...pfffffiou....
CHFAB
3/4