Chronique
Fromuz: « Audio Diplomacy », 2008
http://www.fromuzband.com
Basse: Andrew Mara-Novik
Guitare: Vitaly Popeloff
Claviers et samples: Albert Khalmurzayev
Batterie: Vladimir Badirov (déjà un album solo en 2003)
L'écoute d'un album entièrement instrumental n'est
pas toujours chose aisée; pas de couplet refrain- auxquels se
raccrocher, ni textes (bien que souvent assez pauvres dans le Prog'...)
identifiant clairement chaque morceau dans son humeur et son intention.
Au mieux peut-on s'attendre à un agréable fond sonore.
Que nenni en ce qui concerne nos Quatre Mousquetaires Ouzbèques (de
Tachkent). C'est bien à un voyage passionnant et passionné que nous
convie cette formation (moyenne d'âge: 40 ans).
Pour ce premier album, un CD studio et un DVD en concert pour le même
prix!!!
« Audio Diplomacy » est une planète à lui tout seul, dont
chaque pièce (8 en tout) représente une cartographie riche de détails
incroyables. Les références se font sentir tout au long de la galette,
bien sur; Jazz-Rock (pour les claviers), ouvrant la porte à toutes les
musiques dirais-je, du Néo-Prog (lignes mélodiques simples), du Heavy,
du Blues, du Jazz (beaucoup d'improvisations servies par un guitariste
prodigieux). Les claviers habillent le tout avec beaucoup d'élégance et
d'inventivité bien que sobres.
On continue: ambiances ethniques (rythmiques classieuses, impeccables),
du Funk, du symphonique, bruitages en tous genres, Rythm and Blues,
contemporain!!!... Si, si, si, vous ne rêvez pas!
Tout ceci s'agence sans artifices (donc sans ennui) avec moult
cassures, pour notre plus vive attention et dans un esprit résolument
live.
Sans nul doute les secrets d'un tel album ne se dévoileront qu'au fil
des écoutes, sans cesse étonnantes et étonnées... J'avais commencé par
décrire chaque morceau mais bien vite c'était peine perdue tant les
paysages se succédaient sans pour autant se répéter, comme dans un
film, plutôt halluciné.
Attention, ces petits gars (20 ans de pratique tout de même) ont le
sens du thème et du développement.
C'est à Eclat que je pense le plus en les écoutant, et si vous me
connaissiez un peu, vous sauriez que ce n'est pas un vain compliment.
La production (allez un bémol tout de même...) est assez monolithique;
à peine gagne-t-elle un peu plus d'ampleur au fur et à mesure de
l'album, mais au fond tant pis, la palette des sons, claviers et
samples est assez sidérante (cris, klaxons, rires de nouveaux-nés,
éclats de voix, grincements etc.).
Oui mes biens chers frères, la musique de Fromuz est
définitivement organique, bouillonnante, sensuelle, douce et
jaillissante, rugueuse et onduleuse, comme de la matière vivante. En
dirais-je plus? Alors, si vous êtes un peu monotone par ces temps
inquiétants, prenez donc votre billet et chaussez-moi ces lunettes de
voyage, bienvenue sur Fromuz Airline.
On ne pourra que se réjouir d'une suite à un tel phénomène...
Chfab