Artiste: Dark Suns
Album : Everchild
Sortie : 2016
Page : https://www.facebook.com/darksuns/?fref=ts
Label : Prophecy Productions
Page du label : https://prophecy-de.bandcamp.com/
Mouton-note: [ :-) ]
Support : CD
Auteur : CHFAB
Lien pour la pochette : https://prophecy-de.bandcamp.com/
Mots-clés pour catégorisation : gothique psychédélique progressif
atmosphérique
Avec le tour de force massivement acclamé que fut
<i>Orange</i>(2011), particulièrement jouissif et inspiré,
le groupe allemand délaissait définitivement l'artillerie métal du
départ, pour un prog hyper élaboré, très 70s dans ses sonorités, au
groove souvent imparable. Une pépite, pas moins. La gageure de lui
succéder semblait s'avérer difficile.Trois possibilités: le plantage
(mais vu le niveau ça semblait quasi impossible), la redite (là aussi
on ne s'en serait pas pleint!), soit l'évolution, l'inattendu,
l'ouverture sur des horizons supplémentaires. Cinq ans ont passé et
l'on se disait que finalement, Dark Suns avait déjà pondu son
chef-d'oeuvre et pouvait désormais disparaître. C'était mal connaître
ce groupe, désormais octuor (trompette et saxophone ont rejoint les
festivités, en plus d'un batteur permanent, libérant pleinement Niko
Knappe, qui tenait aussi les baguette, au chant). Dark Suns joue une
fois de plus la carte pleinement artistique, laissant sa musique aller
à nouveau de l'avant. Rien que pour ça, chapeau, peu nombreux sont ceux
qui savent se remettre en question à chaque album. <br><br>
L'entrée en matière s'annonce énergique et très joliment composite,
entre heavy pop assumée, et glissements neo jazz aux harmonies
proches d'un Jagga Jazzist, cuivres à l'appui. Le chant de Knappe
apparaît très caressant (on pense beaucoup à Rhys Marsh), planant au
dessus de cet échafaudage splendide, tournant sans cesse autour des
accords. L'univers s'est encore enrichi, et avec beaucoup de séduction.
La suite enfonce le clou; post rock, post jazz, post pop, post
gothique, et ce avec une façon toute diabolique de se renouveler, de
glisser vers un refrain ou une digression avec une fluidité absolument
miraculeuse... « Drifting With The Sun » au riff
d'intro vénéneux et blues à souhait, suivi d'un refrain soutendu de
mellotron, est un modèle du genre. Même si ça et là on traverse des
zones assez sagement balisées, même si la voix parfois très maniérée du
chanteur peut agacer, et même si l'album souffre d'une certaine
longueur (onze morceaux), les atmosphères y sont terriblement
soignées, ondoyantes, ondulantes, cycliques à en perdre la tête
(mais jamais l'âme), cet album saura charmer en profondeur. On y décèle
en filigrane les nuées d'un Porcupine Tree, filtré de fusion lente et
majestueuse, d'un Riverside au meilleur de sa forme (le chant rappelle
beaucoup celui de Mriusz Duda), ou d'un Anekdoten, avec la même magie
des arrangements, et dont les splendides arabesques et mutations
harmoniques semblent eux manquer aux derniers travaux de Sir Wilson,
c'est dire!.<br><br>
L'apport des instruments à vent (trompette, flute ou saxo, notamment
pour « Monster » au jazz magnifique et très
envoutant) représente un enrichissement indéniable. Le piano également,
dont les accords veloutés contribuent si bien aux impressions
stratosphériques. L'orgue Hammond et le Fender Rhodes (émulation ou
instruments dorigine?), ça et là, ainsi que les nombreux sons clairs et
effets de guitare (« The Fountain Garden »,
magnifique) conservent l'orientation 70s du disque précédent. =Et si la
majesté et la lenteur dominent le propos, c'est sans compter quelques
moments puissance, et de très belle énergie (« The Only Youg
Ones Left »,
ou« Codes »).<br><br>
En un mot, <i>Everchild</i> propose une musique capiteuse,
superbe, en rien démonstrative, splendidement construite et chantée,
très équilibrée, à la beauté profonde et pourtant évidente, et dont on
ne devine jamais complètement la suite. C'est l'un de ses innombrables
charmes, dont celui de vous pousser irrésistiblement vers une réécoute.
Un seul souhait, que le prochain arrive plus vite!
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Une splendeur.