DISSONATI – Reductio Ad Absurdum - © autoproduction - 2012
Ecrit par CHFAB
31-10-12
« Agrandissement sensé »
Comment dire ?...Les premières minutes de ce premier album de DISSONATI, trio américain basé à Seattle, laissent une impression ambigüe, voire presque mitigée; intro néo un peu bateau, voix un peu cassée mais mal assurée, batterie un peu pauvre (sensation de quasi boîte à rythmes), mise en place pas toujours nette, claviers un peu cheap, production un peu mate… Il est vrai aussi que la structure du morceau d’ouverture n’est pas non plus forcément évidente pour commencer, mais bien vite, l’impression ne fera que s’estomper, au fil des plages, car le charme finit par opérer bel et bien, dévoilant une musique singulière, et se voulant certainement comme telle, oscillant entre néo mélodique (intros à effets, programmations, passages emphatiques, refrains mémorisables, parfois pop) et RIO (!),donc deux styles à la base antinomiques, et le tout avec un minimalisme plutôt inattendu...
 Mais vous l’avez deviné, REDUCTIO AD ABSURDUM (traduisez  « réduction jusqu’à l’absurde ») n’est qu’une eau dormante, révélant bientôt tout un bouillon de culture, dont la palette s’avère plus riche qu’il n’y paraît, empruntant  aussi au jazz (accords et sonorités de claviers), au symphonisme(nappes de cordes synthétiques), au math rock(séquences de boucles, excellentes, montées et descentes), à l’électro (certaines intros ou enluminures), aux musiques nouvelles, jazz-rock, ou  improvisations free (Saxophone  sous distorsion de John HAGELBARGER, claviériste et initiateur du groupe, pour « The Sleeper », morceau le plus ambitieux du disque)…
Les guitares, superbes, sont au dessus du lot (très frippiennes), dominant les débats, impériales, acides, ou en séquences délicieusement hypnotiques. La basse n’est pas en reste non plus, épousant les changements d’accords souvent savants, ou tissant parfois quelques digressions solistes. Revenons à la batterie, sobre certes (très sobre !) comme je le disais, finissant par se complexifier au fil des morceaux (bon calcul !), sachant mettre en valeur les cassures (Driver) et contrastes qui émaillent de plus en plus le déroulé de REDUCTIO AD ABSURDUM. Revenons également à la voix, au départ un peu maladroite, mais là aussi tirant au bout du compte sa qualité et sa force de ce manque de technique (et de puissance) justement, un peu à la manière d’un Robert Wyatt par exemple (bien que d’un tout autre registre, ici plutôt baryton), ou d’un Dave Willey (oui, plutôt ça !), ayant sa propre signature, donc identifiable à coup sûr désormais, ce qui est remarquable. Le grain de Ron RUTHERFORD (guitariste ET bassiste !) est un peu cassé, avec un léger vibrato sur ses finales, et s’exprime avec une belle modestie (c'est-à-dire avec une âme), de plus, sa palette expressive s’avère variée, entre émotion retenue, moquerie parfois (« Age Of Foeces », soit : l’age des crottes !), et une certaine théâtralité, et se bonifiant ici aussi au fur et à mesure (DISSONATI aurait-il choisi d’enregistrer son album de manière chronologique ?). Enfin, cette musique d’un minimalisme de prime abord (on pense parfois à Vander Graaf Generator) s’avère gagner inexorablement en épaisseur, en complexité, en variété, en contrastes, en intérêt et beauté pour tout dire, aussi à l’aise dans les paysages clairs et claironnant que clairs obscurs, contemplatifs ou feutrés. Bref, Voici-là un tout nouveau groupe à suivre, ayant fait le pari d’un style alliant les influences les plus télescopées, voire inconciliables, en apparence seulement, bien sûr, comme souvent ! Une musique qui ne ressemblerait qu’à elle-même ? Cela ne peut qu’attirer notre attention, vous serez d’accord avec ce principe, je pense,  et avec ce disque, vous n’en serez que récompensés…De plus, quelque chose me dit que DISSONATI n’a pas fini de…progresser ! A suivre de très prêt donc.
3/4   Chroniqueur : CHFAB

Line-up
John Hagelbarger : Keyboards, Saxophone, Woodwinds
Ron Rutherford : Guitars, Guitar synths, Bass, Lead & Backing Vocals, Keyboards
John Reagan : Drums

Track list
01- Can You Hear Me ?  (10 :10)
02- Middle man  (6 :43)
03- Age Of Foeces  (4 :09)
04- Mindwarp  (4 :31)
05- Senescence  (7 :02)
06- Driver  (5 :26)
07- The Sleeper  (13 :39)

Site officiel :
http://www.dissonati.com
Pays :
ETATS UNIS






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