DAAL – Dodecahedron (2012)
http://www.myspace.com/daalband
Label : Agla Records
Italie
Track list :
1- Part I (7:45)
2- Part II (5:09)
3- Part III (6:57)
4- Part IV (5:50)
5- Part V (4:36)
6- Part VI (8:12)
7- Part VII (3:01)
8- PartVIII (4:31)
9- Part IX (5:51)
10- Part X (5:10)
11- Part XI (5:14)
12- Part XII (8:15)
Total running Time : (70:24)
Line-up :
Alfio Costa : Hammond organ, Minimoog, Mellotron, Fender-Rhodes,
Piano, keyboards
Davide Guidoni : Drums, Percussions, Samplers
Guests :
Ettore Salati : Electric Guitars
Luca Scherani (Hostsonaten) : Bouzouki
Roberto Aiolfi (Tilion, Prowlers) : Electric Bass, Double
Bass
Alessandro Papotto (Banco) : Sax, Flute, Clarinet
Vincenzo Zitello : Bardic harp, Bass, Flute
Marcella Arganese : Classical Guitar
Chiara Alberti : Cello
Sylvia Trabucco : Violin
DAAL nous avait laissé l’année dernière avec un album très dense,
expérimental en diable, avec leur univers très singulier, très noir,
poisseux et sourd, industriel, traversé pourtant de fulgurances jazz et
autres interventions mélodiques du plus bel effet, et ayant marqué en
moi un souvenir au final favorable. Cette nouvelle mouture italienne
allait-elle se présenter sous les même hospices, âpres, tumultueuses et
pourtant plus riches qu’il n’y paraît ? Oui et non.
DODECAHEDRON, comme son nom l’indique, est une œuvre conceptuelle en
douze parties, encore une fois instrumentale, et s’avère donc une
entité conçue pour s’appréhender dans son entier. Mais cet album
s’avère rapidement moins touffu (ce qui est plutôt positif), et au fond
moins expérimental. Là où les machines et effets électro régnaient en
maître jadis, on découvre plutôt ici une musique quasi entièrement
analogique, pour des compositions dans l’ensemble plus mélodiques, et
donc lisibles. Les atmosphères sont moins charbonneuses, moins
violentes, et plus mélancoliques. La palette sonore est presque
exclusivement 70s, détaillant un beau catalogue du prog de l’âge d’or,
à dominante clavier (le groupe est un duo claviers/batterie). Bien sûr,
les moments d’espaces vertigineux et abyssaux ponctuent régulièrement
le propos (l’intro de l’album est sans équivoque sur ce sujet), mais
c’est plus en traits d’union qu’ils opèrent. La guitare apparaît
souvent, électrique ou classique, même parfois en solo, et de plus,
quelques instruments orchestraux (cordes, flute, clarinette, saxo) dont
un superbe violoncelle, interviennent assez fréquemment pour une
approche davantage symphonique.
DAAL aurait-il changé de cap ? On pourrait le penser, tant il se
rapproche avec ce disque d’une sensibilité toute nordique. Ainsi, se
succèdent de longues intros, (le bémol du disque) pour des séquences
répétitives, variées, au tempo extrêmement lent (trop parfois, là
aussi), et aux évolutions harmoniques parcimonieuses. En fait, j’ai
beaucoup pensé à Morte Macabre(1), Anekdoten (9), ou Nordagust (sans le
chant), excellents cousins scandinaves, pratiquant la même lancinance,
gorgée là aussi de mellotron, sans fioritures, et frugale en soli et
digressions instrumentales. King Crimson apparaît également par moments
(3). En fait, on nage ici en plein territoire « Giallo ».
Voilà qui est heureux, un groupe devenu presque serein (10), qui
choisit d’explorer d’autres rivages, tout en rappelant régulièrement sa
couleur première…
Le seul défaut de ce disque, qui je le pense saura pourtant fédérer
bien au delà de son cercle de fans, c’est donc sa gestion du temps (une
heure dix). Souvent, DODECAHEDRON s’étiole par sa lenteur, son manque
de concision, bien que les recettes fonctionnent très bien pour la
plupart des morceaux, ce qui gâche un peu la fête. Du coup, les
contrastes entre chaque partie n’apparaissent pas non plus comme
saisissants, conférant à l’œuvre une impression de linéarité.
Quoiqu’il en soit, il faut le reconnaître, c’est sans compter sur le
savoir faire de ces italiens, qui ont déjà su révéler leur substance au
fil des écoutes. Alors soyez patients, vous serez nombreux à en être
très récompensés…Saluons donc la réussite de ce disque, la richesse de
ses arrangements, sa superbe mise en son, et un réel renouveau
artistique. A n’en pas douter, une excellente introduction à ce groupe,
en espérant qu’il ne s’agisse pas d’une parenthèse. La prochaine
mouture, si elle demeure dans les mêmes paysages automnaux tout en
étant plus ramassée sur elle-même, sera un chef d’œuvre, à n’en pas
douter !
¾
CHFAB