05 03 10
CASTLE CANYON_ GODS OF 1973
http://www.myspace.com/castlecanyon
label: Bottomfeeder Records
Etats Unis
Track list:
01- The Mighty Arp (05:14)
02- Gods of 1973 (04:30)
03- Random Gates (0:22)
04- Canoeing on the River Styx (07:29)
05- Bombs Away (03:30)
06- Fjordic Njord (01:23)
07- Triskaidekaphobia (12:54)
08- Symphony of Sorrowful Songs-Cantabile Simplice (08:04)
09- The Last Song Ever (03:42)
Band Members:
Erik Ian Walker: Keyboards (Arp 2600, Hammond M-3, Hohner
Clavinet, Oberheim Matrix 12, Mellotron, Nord Electro 2, Yamaha DX-7,
Piano, Wurlitzer Electric Piano), guitars and production
Fred Chalenor: Electric bass, leads
Paul Elias: Drums
Guests:
Michele Walthe: Viloin on « Symphony of Sorrowful Songs
William Alden Walker: marching snares on « Canoeing On The River
Styx »
Leroy Laush: Arp 6000 programming on « Random Gates »
Les dieux sont avec nous!...
...et ils ont élu résidence à San Francisco, Californie...Qui l'eut
cru? D'où ça sort, ce groupe oublié, invisible, éteint depuis près de
40 ans ?!?
La pochette , effectivement, nous renseigne un temps soit peu: Trois
types aux cheveux fort longs, naturellement non coiffés, donc sans cire
parfumée, l'air naturellement ahuri, et leurs fringues ne semblent pas
non plus bénéficier d'un soin particulier...Tout ça donne une forte
impression de spontanéité, de fraîcheur (on est pas en 2010 alors?). On
remarque aussi la silhouette d'un piano de concert devant le premier
blondinet moustachu (tiens, ils ont tous les 3 une moustache...), un
cadre circulaire pour le second (donc c'est pour évoquer la
batterie, si pas chuis trop con), enfin une basse
électroacoustique façon jazz pour le dernier. Ils semblent avoir
au bas mot 20 ans chacun (moins évident pour le batteur), bref...
Et puis, au beau milieu de ce triptyque, en lettres rouge , détachées
sur fond noir (moi j'aime assez, c'est plutôt graphique, de près comme
de loin donc) l'année 73...
Ah...bon ben y a donc pas de doute...j'avais alors 3 ans lorsque cette
galette a été fabriquée, enfin enregistrée plutôt.
Et ben j'ai tout faux, par ce que ça vient juste de sortir, là, tout
début 2010!!!
Par tous les dieux!!!
Donc les mecs ont facilement cinquante piges à l'heure où je vous
parle...!
Et alors, vous savez quoi? Ça ne s'entend pas sur le CD, mais alors pas
du tout; il s'agit en fait de morceaux composés à l'époque, et
réenregistrés récemment à San Francisco, berceau des dieux donc (ceux
qui se sont penchés sur eux, ou bien eux-même peut être? C'est vrai
qu'à vingt ans, on est un dieu à soi tout seul!...), trois inédits ont
également rejoint leur matériel.
Les dieux donc, ils ont des noms un peu barbares, faits d'abréviations
technologiques, mais augurant de sonorités incroyables, pleines de
mystère, de lyrisme, de tensions dramatiques, d'espaces envoutants et
sidérés...Il s'agit bien de rejoindre les contrées extraordinaires de
l'analogie synthétique, celles d'avant la glaciale new wave...
Rappelez-vous, chers semblables; vous aviez entre 15 et 25 ans, et
devant vous, la scène était hérissée de collines métalliques, bardées
de claviers, ceux-ci reliés à des armoires tout droit sorties des films
de SF noir et blanc, intubés d'enchevêtrements de câbles qu'on
branchait ou débranchait au gré des interprétations, en direct, et on
ne pensait pas qu'un jour, on allait qualifier toute cette mécanique
analogique de « vintage », bien au contraire, puisqu'elle
représentait (et aujourd'hui encore)la quintessence du progrès, à
savoir des possibilités infinies de créativité .
La synthèse, cette formidable possibilité de modifier et onduler des
signaux, faire muter à l'envie les sons les plus improbables, faire
corps avec la vibration des sphères, rejoindre le champ édifiant des
oscillations...Les galaxies n'étaient désormais plus tout à fait un
secret invisible...
ARP, PROPHET, MOOG, MELOTRON, HAMMOND B3,WURLITZER, OBERHEIM...ces noms
devenus désormais des mythes, qu'un bon nombre de scandinaves ont
réussi à s'approprier dans les années 90, ont reconquis l'Olympe du
temps, pour s'épanouir à nouveau ici, et propager à nouveau une
certaine idée du destin des hommes.
C'est ce à quoi vous allez assister dans la séance qui vous est ici
proposée...
Les héros et demi-dieu qui apparaîtront sous vous yeux auditifs ébahis
se nomment STRAVINSKI, BARTOK, PROKOFIEV, MOUSSORGSKI, SIBELIUS, pour
évoquer les plus évidents, ils copuleront dans la plus éblouissante
jouissance avec le jazz et le blues, leurs hérauts ont déjà eu pour nom
EMMERSON, LAKE and PALMER, KLAUS SHULTZ, RICK VAN DER LINDEN
(Ekseption), RICHARD WRIGHT (du Floyd), YES, GENESIS, BABYLON, ZAPPA,
et tutti cuanti...
Vous le verrez bien, les filiations au sein de ce disque solaire sont
évidentes...
Et tout ceci sera interprété avec une maestria divine, prouvant une
fois de plus que le nombre des années n'a écaillé ni l'énergie, ni la
fraîcheur, ni encore moins la conviction de nos musiciens...
Chaque opus vous projettera au confins de dimensions étonnantes,
traversées par des vents électriques, des basses étourdissantes, en
pleine distorsion, des mélodies légères ou enveloppantes, des arpèges
diaboliques, inarrêtables, hypnotiques, des interludes planantissimes,
une batterie très présente, très éclatée, très entraînante, aux accents
graves ou éclatants...Le tout au service de compositions superbes,
ambitieuses, jamais débordées par la volonté d'en faire toujours plus
(comme certains de leurs ainés...suivez mon regard un peu plus
haut...), toujours au service de l'émotion ( à peine quelques
ventres mous, un peu naïfs, mais si peu), bref, passionnantes de bout
en bout.
Certains trouveront tout ce travail anachronique, daté, ou encore
nostalgique...je pense qu'ils se trompent, car la qualité sait
traverser les époques. C'est le cas ici.
Et puis le truc, c'est que réellement on avait pas entendu ça depuis
longtemps.
Et bon dieu, ça fait du bien!
En souhaitant que ça puisse en inspirer d'autres (des albums, mais
aussi des musiciens!)
Gloire aux dieux.
CHFAB
4/4