Artiste: Brieg Guerveno
Album : Valgori
Sortie : 2016
Page : https://www.briegguerveno.com/accueil.html
Label : Paker Prod
Page du label :  http://www.pakerprod.bzh/
Mouton-note: [  :-)  ]
Support : CD
Auteur : CHFAB
Lien pour la pochette : https://www.briegguerveno.com/accueil2.html
Mots-clés pour catégorisation : heavy gothic symphonic metal prog

Deux albums déjà que ce britophone et son puissant trio (désormais quatuor) faisaient parler d'eux, séduisant bien au delà des amateurs de régionalisme et autres aimables cultivateurs de clichés "celtiques"...Bretagne, histoire plurimillénaire, terre de convictions, d'une modernité toujours enviée en termes d'accueil et d'éducation, et à la pointe de bien des domaines, technologie et informatique en tête. On est très loin de la cornemuse et des dentelles au final... "Bretonne", s'intitulait l'album puissamment commercial d'une de nos vedettes de télécrochets, colportant encore et toujours cette image misérabiliste et discriminante de carte postale, ou comment, pour la demoiselle, scier la branche sur laquelle on est assise..."J'aime la musique bretonne"... ce à quoi Brieg répondrait volontiers "gast, kae da sutal"!... traduisez en gros: "une baffe dans ta tête de..." De cette Bretagne il a choisi de conserver l'essence-même, sa langue, la propulsant au delà de toute frontière (la meilleure des idées), la donnant véritablement à entendre, du coup, et qui plus est au sein d'une musique résolument contemporaine. br><br>

Valgori est un cadeau à tous ceux qui veulent entendre parler d'aujourd'hui, et être de ce public sans cesse grandissant, pronant une esthétique métal, néoromantique, parfois doom, et chapeautée d'architecture prog.Tous ceux qu'Anathema envoie au ciel, usant tout aussi bien des voiles d'un Procupine Tree que d'un Motorpsycho, tout en ruptures sauvages et en émotions, seront de la fête. Ici toute trace des origines celtes (déjà rares jusque là) a été soigneusement effacée, histoire d'enfoncer un clou déjà bien planté dans ses guitares. Elles y sont omiprésentes, d'autant doublées qu'un quatrième larron a rejoint le peloton. Une perspective très excitante, soit dit en passant, en ce qui concerne le répertoire scénique à venir. Deux guitares! Oui car un mur du son proprement décoiffant occupe l'espace, de la première à la dernière note... tout y sera prétexte; hymnes contagieux, larsens hypnotiques, coups de boutoirs terrassants, arpèges extatiques, mélopées folk... ceci annonçant pour certains les limites de l'exercice, saturant presque littéralement le paysage, comme une guerre résolue contre le silence... Rares sont les accalmies. Sans doute les amateurs de contrastes et de nuances resteront un peu sur leur faim. De plus la musique de Brieg Guerveno ne présente pas une originalité outre mesure, usant d'intentions parfaitement sincères, sans la moindre discussion, et très souvent inspirées, mais assez peu démarquées du genre finalement. Cependant originalité n'est pas forcément gage de qualité, loin s'en faut. Saluons donc son savoir faire, et ce sens plutôt épatant de la construction, pour des morceaux dont chaque développement suscite l'attention. Là réside peut être le vrai talent du gars...<br><br>

Les musiciens font encore preuve de talent, servant toujours les compositions avec une ferveur et une efficacité sans faille. Le chant apparaît plus juste, plus plein, en un mot plus mûr, refusant toujours toute facilité d'affectation et autre maniérisme. Rappelons qu'il y a déjà une voix, un style, et une langue. Le travail mélodique est exemplaire, alterné avec de très nombreuses séquences de puissance et de tension, plus qu'auparavant, toute furie dehors. La mise en son a encore gagné en force et en majesté, laissant l'auditeur abasourdi longtemps après écoute. Un mot enfin pour la pochette absolument splendide, stoner à souhait. <br><br>


<i>Valgori</i> monte à nouveau d'un cran et saura convaincre très largement un public qui ne demande que ça, confirmant l'énorme potentiel entrevu jusque là. On espèrera par contre un peu plus de surprise, de renouvellement d'influences et de nuances pour le quatrième opus, sans quoi l'impression de recette risquera peut être de l'emporter. Jusqu'ici bravo. Belle ascension.


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