AKT – Blemmebeya
http://www.myspace.com/bandakt
autoproduction
Italie
Track list :
1- Prima Della Fine (01 :13)
2- L’Assalto (09 :56)
3- TG Egeo (05 :09)
4- Favonio (04 :55)
5- Sati D’Animo Uniti (05 :50)
6- Di Vento (10 :17)
7- Mani Aperte (04 :54)
8- Zeitgeist (03 :44)
9- La Fine (05 :27)
Line-up :
Simone Negrini : Drums, Percussion, Piano, Guitar, Electronics,
Synthesizers
Marco brucale : Guitars, Synthesizers
Alessandro Malandra : Bass, Electronics
« Un joyau de chaque instant »
Non mais qu’est-ce que c’est que ce petit miracle découvert par hasard
sur un site d’écoute progressive (Progstreaming, pour ne pas le citer…)
et téléchargeable gratuitement ?!?...
D’emblée la pochette m’avait séduit, sorte de parchemin représentant
une créature tout droit sortie d’un tableau de Bosch…
AKT est un groupe de Bologne (italien donc) ayant pris forme dès 1996,
ayant connu quelques permutations de personnel (comme souvent), pour
accoucher d’un premier opus (Déntrokirtos, 2007, très orienté King
Crimson période Adrian Belew, d’après mes sources), puis enfin donner
lieu à ce « BLEMMEBEYA » (2011), un disque apparemment très
différent musicalement…
Bon, alors donc ?
Ça commence avec de petites percussions cristallines, en écho l’une de
l’autre, pour donner vie au discours anglophone d’un type un rien
désabusé (c’est un euphémisme !) se prononçant sur la marge
de liberté politique de tout quidam (que nous sommes), et sur la
pertinence de tout débat, réduite tout bonnement… à néant… ! Voilà
qui achève de piquer ma curiosité !
Puis je découvre ensuite le charme inouï, la force, la beauté et
l’habileté d’une musique formidable, progressive, jusqu’au bout des
racines de cheveux…Chaque pièce est une splendeur, un joyau de chaque
instant, convoquant, sans embarras aucun, les ainés les plus
prestigieux ;
Banco, pour le chant, les ruptures et les ponctuations
pianistiques(2), en passant par Area, pour les audaces rythmiques (3)
et les expériences jazz modales(5),
PFM pour la maestria instrumentale (guitares acoustiques et folk,
sublimes),
le très grand Genesis pour ses sons de clavier, ses envolées
symphoniques, son ambition musicale aussi (et cette fois-ci,
croyez-moi, la comparaison n’est pas galvaudée !),
quelques incursions slammées (6) du meilleur effet, bref, un
feu d’artifice…
La palette sonore est ahurissante, les claviers s’en donnant à cœur
joie, mettant à jour des sons vraiment oubliés depuis longtemps
(Hammond, Moog, Rhodes ? Pas ici, pas ceux-là !).
Les compositions révèlent des trésors d’inventivité, de surprises, des
séquences les plus précieuses et délicates (innombrables), aux plus
turbulentes et agitées. C’est un sans faute…
L’interprétation est à l’os, au plus près de l’humain ; ça sent le
bois, le tungstène, le vernis artisanal, les peaux chauffées à la main,
des sons et une production très organiques (ça tape des mains, ça fait
des claquettes, ça joue de la contrebasse, ça imite l’accordéon, avec
un jet de digeridoo ou apparenté, ça percute sur de vieilles
antiquités, ça triture ici et là), à des années lumières de nos disques
actuels, hyper produits, hyper désincarnés, hyper « dance
club »…
Que dire des musiciens, si ce n’est qu’ils sont de tout premier ordre,
la classe en somme, mais toujours au service de l’émotion, avec dans le
cœur des nuances infinies, et des yeux fermés…
Le chant est d’une simplicité et d’une modestie tout italienne (mais
qui chante d’ailleurs ? ce n’est même pas crédité !...),
bourré de sens et d’intentions, et se pare régulièrement de beaux
effets 70s sans tape à l’œil…
La guitare est à tomber raide d’envie, entre arpèges exquises de douze
cordes, poussées planantes ou nervosités jazz rock.
La batterie est terriblement prégnante, groove ou altière, jazz à n’en
pas douter, très présente.
Non, vraiment, tout cela est absolument magnifique, de la première à la
dernière note…Et cet album est à créditer au côté des plus grandes
pointures du genre, et quand je dis « les plus grandes »,
c’est qu’il s’agit bien là des intouchables de votre propre panthéon!
Alors il serait donc question d’un chef d’œuvre ? Je l’affirme
haut et fort ! Et si je dois retenir une découverte majeure (à mon
sens) de cette année 2011, c’est sans aucun doute à ce disque que je
songerai…pas moins…
Un petit mot également sur leur démarche virtuelle : AKT milite
pour le téléchargement, invoquant une limitation des dépenses en
énergie pour la création d’un CD (électricité, encre, papier, produits
chimiques, pétrochimie et accumulation de matières plastiques), ce qui
a le mérite de faire réfléchir…Ils ont eu aussi la divine idée de
proposer leurs morceaux pistes par pistes, afin d’instaurer un
véritable dialogue avec les musiciens du monde entier, autorisant
chacun à intervenir sur telle ou telle séquence (enlever telle ou telle
partie, jouer un solo de guitare ici, changer la basse là etc.) pour
explorer de nouvelles formes de créativité…voilà une idée bien géniale,
augurant d’un nouvel avenir pour la musique de ce vingt-et-unième
siècle…
Oui, décidément, je remercie ma curiosité conjuguée au hasard, et
je pourrais vous en parler des heures, des semaines durant, tant
je suis littéralement envouté par tant de talent, d’inventivité, de
sentiments, de délicatesse, de force…Vous aurez compris qu’une fois de
plus, je ne pouvais pas faire court !...
Le morceau final (qui porte bien son nom) achève sur un tempo très
lent, avec des sommets d’émotion, pour clore ces neuf plages de paradis
musical.
Un trésor… Dont AKT…
Pour qui veut ce disque :
http://www.progarchives.com/album.asp?id=33022
ou bien :
http://plixid.com/2011/04/24/akt-blemmebeya-2011-mp3
CHFAB
4/4