16 19 10
AGERNON – Ghost Surveillance
http://www.myspace.com/algernonmusic
Label : indépendant/ Cuneiform
Chicago, Etats Unis
Line-up :
Dave Miller : Guitar
Toby Summerfield: Guitar
M. Pantalon : Bass
Corey Healy : Drums
Kate Wiegman: Vibes
Track list :
1-  The Briefing  (04 :24)
2- Brocken Lady  (04 :55)
3- Honey Trap  (02 :20)
4- Time Killer  (03 :56)
5- Operative vs Opposition  (08 :23)
6- Everybody Stay Calm  (06 :05)
7- Intelligence meltdown  (01 :05)
8- Debrief And Defect  (11 :04)
9- Objective Compromised  (06 :43)
10- The L Pill  (02 :30)
«  Esprits frappeurs…frappés ?...frappants ! »
Troisième (ah bon ?!?) album pour ces gens de Chicago, Connecticut, emmenés par le guitariste DAVE MILLER, et sans pourtant avoir entendu quoique ce soit d’antérieur, ce disque, pour moi, figurera dors et déjà  au piédestal des révélations de cette année 2010, année ô combien fertile…
Si l’on vous disait que SONIC YOUTH venait de pactiser avec SOFT MACHINE et CECILIA EYES, vous me croiriez ? Et pour faire plus précis : Noise, Canterbury et Post Rock en une seule et même entité? Vous n’en voulez toujours pas ? Et bien vous avez grand tort, et c’est tant pis pour vous!...
Voilà pourtant une musique plutôt singulière, hautement inspirée, très habitée, à la teneur tant expérimentale et organique, que mélodique, rock aussi bien que jazz, prégnante et planante de même…Les références sembleront presque hasardeuses, tant on aura affaire à quelque chose d’assez unique. On dirait « musique actuelle » ? ou « musique nouvelle »? Bien difficile de se prononcer… Une sorte de progressif  du 21ème siècle ? Certainement. La bande originale d’un film, d’un rêve, d’un feuilleton, d’un journal de bord, d’une vie, d’un projet, d’une peinture ?… sans doute. Bon, on citera TORTOISE pour faciliter les rapprochements. Vous voyez un peu mieux maintenant ?
Le tout est instrumental, et étonnant de talent, d’un niveau constant, délivrant des émotions sans aucun sentimentalisme, pas de larmiche poussive et auto-complaisante, que nenni !… Les musiciens y sont accomplis tant à la partition qu’aux échappées free (on navigue souvent entre ces deux eaux), et les pulsations n’y manquent pas. Batterie (incroyable de créativité) et basse(parfois  synthétique) avancent en osmose formidable, délivrant rock  et pop binaire (Le morceau d’ouverture est un modèle du genre, bien énervé comme il faut), boucles entêtantes (02, magnifique), atmosphères lyriques ou planantes, techno (03)  tout autant que jazz soyeux ou touffu. On y ressent parfois le voisinage d’un RADIOHEAD (01, 02), ou autre entité pop-rock-indé douée d’un éclectisme semblable.
Où  les plaisirs de l’esprit rejoignent sans détour les rythmes du corps et de la chair…Et en effet, on s’apercevra très vite que toute velléité mainstream (ou consensuelle pour faire français) a été tout bonnement  bannie de chaque mesure de ce disque splendide.
Les guitares ronronnent et ondulent comme un chat agile, lorsqu’elles ne feulent pas littéralement, avec quelque chose de crade, de brut dans le son, griffant des larsens à tous vents.
Aucune voix ne viendra imposer un sens fermé aux séquences qui se dérouleront  devant vous. On est en terrain entièrement instrumental. Et c’est plutôt la parole des vibraphones que vous suivrez à l’envie chez ALGERNON, confirmant enfin l’impression déjà pressentie qu’on nage ici en des eaux superbement aériennes, entre froid passager, flammes tamisées, et douleurs aigues, le tout, avec quelque chose de terriblement humain. La production et le mixage enfoncent le clou d’un album au son plutôt concret, tourné sur la matière, et laissant l’espace clarifier chaque instrument,  juste ce qu’il faut pour faire léviter le tapis. En un mot : qui monte ?
Des fantômes à surveiller de très très près, et une envie irrépressible de connaître leurs deux premiers CDs. Splendide.  
CHFAB
4/4

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