Regal Worm Neither Use Nor Ornament (A Small Collection Of Big Suites)

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                                                                  ii. You Know What? I’m Getting Out Of Here  Audio
                                                                  iii. Arrival Of Sorts  Audio
                                                                  iv. Paradise Is As Nice  Audio
                                                                  v. End Of Level Baddie  Audio
                                                                  vi. Prism Prison  Audio
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Genre CD
Groupe Regal Worm
Album Neither Use Nor Ornament (A Small Collection Of Big Suites)
Label  Quatermass Records
Année 2014
http://regalworm.com/Hail.html
http://regalworm.bandcamp.com
Line-up:
Jarrod Gosling: Mellotron M400, RMI 368 electra piano, Octave Kitten, Minimax ASB, ARP 2600, Hammond L122, Hammond T500, Fender Rhodes piano, Philips Philicorda AG-755 organ, Korg MS20, EDP Wasp Deluxe, Kawai S100, piano, bass guitar, voice, 6 and 12 string electric guitars, acoustic guitar, glockenspiels, drums, mandolin, stylophone, percussion, accordion, lap steel guitar, toy piano, recorder, bowed cymbal, field recordings
Guest:
Louis Atkinson: Tenor saxophone, soprano saxophone
Emily Ireland: Voice
Graham McElearney: Harp
Kevin Pearce: Voice
Peter Rophone: Voice, 12 string acoustic guitar, Portuguese guitarra
Mick Somerset-Ward: Tenor saxophone, flute

« Mille promesses »
Regal Worm est le projet d’un seul homme : Jarod Gosling, multi instrumentiste, véritable pieuvre musicale, touche à tout de génie (le mot n’est pas galvaudé ici), à l’éclectisme incroyable, forçant d’emblée intérêt et admiration dès 2013, avec Use And Ornament. D’entrée de jeu il nous plongeait dans une musique particulièrement bouillonnante, au style unique, et à la palette très large. Un prog ni tout à fait électro, ni tout à fait jazz, ni pop, ni tout à fait expérimental, mais tout ça à la fois, et avec un esprit indéniablement psyché et Canterbury. Bref, on sortait des sentiers battus !
Dans la foulée, voici un deuxième effort, bottant en touche, et surpassant son aîné car moins débordant et plus concis. Au menu : richesse, surprise, grand écart et fluidité. Les formats oscillent entre morceaux copieux (deux approchent les vingt minutes !) et véritables petites sucreries, en guise de digestif… Il semble, une fois de plus, que Gosling ne se soit fixé aucune barrière, au grès de son inspiration.
Cet album fusionne pleinement, mixant même des influences d’apparences contraires : programmations rythmiques froides, séquences répétitives psychotiques, accords jazz élaborés, atmosphères prog 70s délétères, habillages rétro et ambiances post pop!... Et c’est l’esprit progressif qui articule le tout, british de surcroit, avec cette envie quasi de chaque instant de faire évoluer les séquences, les ruptures, les envolées, sans l’air d’y toucher. Chez Regal Worm (vermisseau royal !), point  de lyrisme ni teutonneries pompières. Ici, on avance dans la nuance, la subtilité. L’énergie certes, l’émotion, mais sans le pathos, l’éclectisme, mais avec cohérence, et parfois avec un petit rictus en coin.
 Les claviers, bidouillages vintage et autres fantaisies synthétiques, sont rois, bien sûr, mais c’est sans compter avec la présence des guitares. Ses interventions sont sobres et somptueuses, autant d’arpèges, d’une délicatesse infinie, qui jalonnent ce Neither Use Nor Ornament, mellotron à l’appui. Luxe, excitation, calme, espièglerie et beauté…
Les accents RIO ou Krautrock ne manquent pas, le premier passage du morceau d’ouverture (le deuxième morceau encore plus !) ne laissant planer aucun doute, annonçant d’emblée qu’on va entrer sur des terres un peu différentes, et un peu folles ! L’étrangeté flotte donc, assurément, en pointillé, au milieu des ambiances régulièrement mélodieuses.
La section rythmique est un atout incontestable, l’électro proposant mille interventions, petits <i>breaks</i> , sonorités farfelues, samples couplés à une batterie traditionnelle, dont on finit par ne plus discerner la vraie du faux !
Les soli ne sont pas légion (no<i>guitar hero</i>, ni Emerson Wakeman !) car le propos est vraiment concentré sur les compositions. Parfois un saxophone se pointe, à droite à gauche, enfonçant le clou du jazz, voire jazz rock.
La voix du sieur Gosling est nonchalante, précieuse, sensuelle, retenue, évoquant davantage un Thom Yorke qu’un Pete Gab, souvent doublée à l’unisson, parfois en chœurs, ou alternant avec une voix féminine de la même qualité. On songe du coup aux vocaux de Knifeworld, le groupe mené par Kavus Torabi.
Les arrangements sont absolument renversants d’inventivité, au diapason d’une mise en son très réjouissante(écoutez au casque !), contribuant pleinement à l’originalité de cet univers pas si exigeant qu’il n’y paraît. On pensera régulièrement à Air,  en plus joyeux et sous acide, à Archive dernière mouture, tout autant qu’à Yes finalement, pour une sorte de symphonisme mécanique, et pop! Mine de rien, à lui tout seul (et tous les invités qui ont dit oui) ce Gosling abolit les vraies frontières, et pose les jalons d’un prog résolument moderne. Il n’est sans doute pas le seul, mais quand-même ! Du new prog qui nous parlerait d’aujourd’hui ! Enfin !
Nul ne pourra prédire là où Regal Worm vous conduira. Il le fera tant, et si bien, que ce voyage en apparaîtra inépuisable. Alors vivement la suite, bravo pour lui, et pour ce salutaire esprit d’aventure !
Indispensable (si l’on vit en 2015 !…)

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