30 10 10
PURE REASON REVOLUTION-Hammer And Anvil
http://www.purereasonrevolution.co.uk
http://www.myspace.com/purereasonrevolution
Label: Superball Music
Angleterre

Track list:
1- Fight Fire With Fire  (04:29)
2- Black Mourning  (05:01)
3- Patriarch  (04:18)
4- Last Man last Round  (04:18)
5- Valour  (04:46)
6- Over The Top  (04:42)
7- Never Divide  (04;48)
8- Blitzkrieg  (05:35)
9- Open Insurrection  (07:21)
10- Armistice  (06:16)

Line –up:
John Courtney: Vocals, guitar, keyboards
Chloe Alper: Vocals, bass, keyboards
Jalie Willcox: Guitar, vocals
Paul Glover: Drums

“L’âme et la machine”
Quatrième réalisation, le live y compris, pour ce groupe britannique au progressif définitivement tourné vers la modernité, en cette première décade du vingt-et-unième siècle. J’avais particulièrement apprécié le virage, résolument radical pour certains d’entre nous, amorcé par leur deuxième opus. Enfin l’héritage de nos musiques favorites se frottait à des vents actuels, électro et « dance », rivages jusque là bannis de nos discothèques (pas des miennes cependant). La démonstration de ce mariage prétendument contre nature apparaissait plutôt éclatante à mon goût, malgré les violents rejets de nombre de mes collègues. D’autres anglais déjà fort prestigieux avaient  effectué le cheminement inverse, en injectant (et souvent magnifiquement) des guitares et une pulsion toute mélancolique et rock à leur pop électronique, je parle principalement de DEPECHE MODE, dont j’admire le travail depuis maintenant vingt ans ( !!!).
Le rapprochement avec ce groupe et l’album chroniqué présentement semble en effet tout naturel (06) ; même tonalité froide et automnale, distillée avec une émotion toute nordique (saxonne ou scandinave), mêmes rythmes lancinants (trip hop, rock binaire, dance club) mécaniques et saturés de tensions électriques et industrielles, même structures couplet-refrain. Mais ce sont bien les contrastes et les ruptures ouvertement rock qui distinguent PURE REASON REVOLUTION de son aîné, avec le lyrisme (un peu forcené ici) et la puissance dont le prog sait tant faire preuve (pas de doute, ça envoie !), c’est le cas pour « Open Insurrection », qui navigue dans les eaux du meilleur ARCHIVE notamment (09, belle réussite). Le morceau d’ouverture est aussi un hymne aux guitares dantesques, comme pour l’album précédent. Il y a également  les très nombreux chœurs et voix doublées que se partagent si bien JOHN COURTNEY et CHLOE ALPER, leurs « unissons » sont ce qui fait toute la personnalité de ce groupe.
On peut pourtant leur reprocher ces harmonies vocales, car elles ont tendance ici à être systématiques et souvent peu renouvelées, et il s’agira ici d’aborder un progressif à la fibre très pop dans ses compositions. En effet: pas de soli de guitare ni clavier, quasiment pas de séquences à rallonge, uniformité dans la teneur des plages, pas de pauses et donc de pièces calmes (à part peut être 08, 09 et 10), et morceaux ramassés. Parfois il y a du  U2(07), aux guitares en stratosphère et plans héroïques.
La production est excellente, ample et spatiale, et chaque morceau est la plupart du temps réussi (on se plaît parfois à évoquer également  la furie du dernier THE PINEAPPLE THIEF), mais les effets sont innombrables et omniprésents ; on croirait éplucher la totalité du catalogue sonore de la synthèse moderne (la batterie est totalement noyée sous les beats par exemple, trop de pshh, trop de bzzz), et c’est dans son ensemble que l’album m’a un poil déçu, car l’uniformité des compositions lasse un peu au finish. Trop d’électro tue l’électro, c’est comme pour tout autre genre ; un album se doit d’être rythmé et donc aéré, c’est ce qui maintient l‘attention prolongée d’une œuvre. Tout va si vite en ces temps de sur-quantité en guise d’idéal qu’on a tôt fait de passer à autre chose dès que le museau de l’ennui ou la distraction se pointent. Heureusement, la fin sonne comme une respiration et rattrape un peu ces défauts.
Le propos intellectuel de ce disque est sans équivoque, il n’y a qu’à se fier à la pochette : une architecture ultra déshumanisée, toute en béton, placardée du logo hyper impérialiste du groupe (allez sur leur Myspace…). Pas de doute, on a affaire à l’évocation d’une dictature froide, industrielle,  les références du siècle passé nous sautant aux yeux, soviétisme et nazisme en tête. D’ailleurs le titre de l’album n’est autre que  « Faucille et Marteau » ! La référence au régime de l’URSS me semble du coup par trop appuyée, est-ce cette politique précisément qu’ils ont voulu aborder de front ? La politique en musique est une chose délicate. Ça mériterait des éclaircissements…Et puis sur ce disque, le mur du son apparaît un peu…impérialiste et conquérant ! ‘Faudrait faire gaffe à ne pas reproduire ce que l’on voudrait dénoncer !...
Quoiqu’il en soit, les textes abordent l’engagement, le combat (01), le pouvoir et ses valeurs,  l’individu et le groupe, la liberté, la révolte (la révolution ?). A l’heure actuelle, je ne possède pas le livret du disque et donc ne peux juger plus avant de la teneur du propos, je ne peux que me fier à mon anglais, mais leur musique n’abordant pas vraiment des rivages joyeux, on pariera évidemment sur une critique de tout système autoritaire, on l’espère en tout cas. Attendons les interviews pour en savoir plus.
Quoiqu’il en soit, pour revenir à la musique, j’ai une nette préférence pour la deuxième moitié de cet album, faisant preuve de plus de variété et d’émotion, même si HAMMER AND ANVIL fait montre de pas mal de qualités. Bien sûr, à n’en pas douter, c’est sur scène que tout ceci prendra de la valeur, dans une énergie plus simple et directe. Et maintenant que ces quatre là ont bien exploré la richesse des possibilités sonores, il sera temps pour le futur PURE REASON REVOLUTION d’aller à l’essentiel; des chansons un poil plus inspirées et dépouillées, plutôt qu’une production démonstrative et un tantinet envahissante. Pas mal quand même mais…
Bzzz . Clic . Libérez votre musique, les gars ! Clic. Bzzz…
CHFAB
3/4

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