POPPY ACROYD-Escapement

La valeur, et le nombre des années »
Poppy ACKROYD est une jeune fille vivant à Edimbourg (Ecosse) ayant appris le piano et le violon à Londres. Rompue à l’art classique de la composition, elle s’est très vite penchée sur la musique contemporaine et les musiques dites nouvelles, cherchant, à l’instar de ses ainés, à dépasser les limites traditionnelles de ses deux instruments. Au programme : nappes mélodieuses, arrangements exquis, atmosphères figuratives et oniriques, à l’aide des seuls piano et violon, dont elle exploite les possibilités rythmiques et percussives. Ainsi, cordes frottées, grattées, martelées, bois frappé, réussissent à scander sa palette harmonique, insufflant à ses paysages délicats une pulsion très trip hop, et le tout…sans machines !
Les nombreuses collaborations live de la demoiselle, notamment au sein du HIDDEN ORCHESTRA, dans les domaines du théâtre, danse, cinéma et radio, n’ont fait qu’aider son art à se trouver et s’affiner, la propulsant bien vite au rang de petit prodige, dont on attendait évidemment un premier enregistrement.
A l’écoute d’ESCAPEMENT, on devine le tour de force et la patience dont elle a fait preuve, couche après couche, piste après piste, avec son unique enregistreur, pour bâtir les sept pièces de l’album, aux architectures très organiques, et. ..mécaniques. La pochette en dit assez long sur ce sujet. Et le résultat musical est tout à fait probant ! Plus qu’une performance, chaque morceau est une invitation au dépaysement, chargé d’émotion et de fragilité, évoquant les moments les plus précieux d’une Kate BUSH, d’un Ryuichi SAKAMOTO, d’un Craig ARMSTRONG, ou d’un Steve REICH, pour ne citer que les plus populaires.
Dès l’ouverture, le charme opère, et c’est l’apanage des œuvres remarquables, dans tous les sens du terme. Tout au plus pourra-t-on reprocher à Poppy (coquelicot) ACKROYD une certaine linéarité des climats, et un certain manque de mordant, ce qui excuse par ailleurs la brièveté du disque (une trentaine de minutes).
ESCAPEMENT ne brille pas par sa grande variété, ni par son chant, puisqu’il n’y en a pas, tout n’y est d’ailleurs pas toujours renversant, mais il devient très facilement l’excellent compagnon des transports, en commun comme individuels, arrachant son auditeur de la grisaille des grandes villes, jetant sur nos campagnes ferroviaires un perlimpinpin particulièrement magique, ou bien encore relayant le marchand de sable au rang de bruitiste discret…
Et le prog, dans tout ça ? Je comprends votre étonnement, mais l’album n’en manque pas, justement, et les influences précitées en attestent, je pense. Sans doute certains trouveront ce disque un brin sage, et on ne leur donnera pas tort. Souhaitons tout de même une longue carrière discographique à cette jeune personne, espérant que le temps lui insufflera des rivages plus charnels, plus rugueux, plus matures, et peut être plus rock ? C’est mon souhait pour le moins.
Récapitulons : sensibilité, ravissement et mélancolie. Un moment de grâce dans un monde crasse. C’est déjà pas mal…

Chroniqueur : CHFAB

Line-up


Poppy Ackroyd - Piano, Violin, Recorder

Tracklist

01. Aliquot  (4:32)
02. Rain  (5:15)
03. Seven  (3:51)
04. Glass Sea  (4:59)
05. Lyre  (4:11)
06. Grounds  (4:50)
07. Mechanism  (4:20)

 
Site officiel :
http://poppyackroyd.com

Pays :
ANGLETERRE

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