INFRONT- Inescapable
http://www.infront.ru
Label : MALS records
Russie

Track list :
1- Intro  (1 :06)
2- Infinite Approach  (8 :43)
3- Postcard Notice  (6 :58)
4- Lest They Forget  (1 :56)
5-  Same                    (8 :45)
6- RUNNN3  (3 :08)
7-  same       (6 :34)
8- Jokes Aside Part I  (6 :55)
9-                      Part II  (5 :56)
10-                     Part III  (2 :42)

Line-up
Dmitry Chernishev : Guitars
Igor Uporov : Guitars
Alexander Meshcheryakov : Bass
K. Shtirlitz : Drums
- Guest :
Olga Mokhnacheva : Cello

« Soleil rageur, rouge volontaire »
Deuxième prestation studio (plus un mini EP de départ) pour ce quatuor russe imaginé dès 1999 par  deux guitaristes, rapidement complétés par une basse et une batterie, dans le but de repousser tant que possible les frontières du jazz et du rock(c’est leur propos). Un premier album en 2005 (Wordless), et les revoici de nouveau sur nos platines, PC ou autres MP3…Rouge est cette fois-ci leur pochette, exprimant une réelle tension (pictogrammes déshumanisés), entre un soleil aux rayons épais, menaçants, et des personnages en fuite. Très 80s dans le style. Simple mais efficace. La messe est-elle dite ? Oui, en effet, mais il va falloir développer.
On commence avec une intro pianistique (qui joue ?), très courte, bien mélodique, rejointe par un violoncelle, et puis… D’entrée de jeu, le son, les ambiances, les arrangements, le style, les harmonies, tout transpire un KING CRIMSON mâtiné de ANEKDOTEN (et ben mazette !), le versant plutôt mélodique et planant de la chose, et avec une certaine grâce, il faut le dire, puis viennent les descentes chromatiques tendues et syncopées, enfin une teneur tout à fait jazz-rock (mais qui n’apparaîtra plus ensuite), sans esbroufe aucune, aux enchaînements coulés et évidents, et le tout instrumental. Bon ben ça démarre très bien tout ça… ! pas complètement renversant, mais ils ont une façon de retomber sur leurs pattes tout à fait plaisante (délicieuses arpèges planants du début).
Vient la suite.
La palette des six cordes est très largement représentée ; sons clairs et chauds, notes tenues, accords électriques tendus et tranchants, harmoniques en suspend, maîtrise des larsens, du silence, arpèges mélancoliques (1,2), entrelacs, riffs et trilles hard rock, chevauchées martiales, effets indus. Musicalement, dans les interstices des passages enfiévrés, on pense parfois aux arabesques de WOBBLER (3, entre autre), pour les mélopées mélodiques, et à SINKADUS aussi, avant que le propos ne se muscle à nouveau, bref : eau et gaz nordique à (presque) tous les étages ? Oui mais pas que.
La batterie connait les cavalcades furibardes par cœur, mais elle sait aussi être extrêmement élégante, jazz en diable, souvent en contrepoint et contrepieds.
La basse épouse idéalement les séquences, accompagnant les breaks à l’unisson. Il y a aussi du contraste dans cette potion-là. On n’hésite pas non plus à alterner des ambiances bien inquiétantes(4) avec de bonnes grosses plages heavy (5). Et puis, du Crimson en veux-tu en voilà, et : du hard, du hard, du hard…
Bon, le truc, c’est que les compositions ne brillent pas toujours par le génie, et les passages un peu bateau ne manquent pas, incarnés par des séquences d’accords souvent convenus et un peu rébarbatifs (parfois un peu longuets). Tout cela étant cependant rattrapé par des arrangements très variés et une multitude d’ambiances (grande richesse rythmique, sans overdose ni complexité excessive). Le violoncelle n’apparaît qu’occasionnellement, ce qui participe à la fraîcheur du propos, de même pour le piano.  Trois pièces de résistances sont présentes sur cet album, déclinées sur plusieurs plages.
La production est impeccable, très sobre, et fait honneur à la stéréo.
En somme, tout est en place, et interprété avec précision, ce qu’il faut de technique, tout en restant simple. Alors quoi ? En fait, il manque juste LE truc, l’étincelle, le je-ne-sais-quoi qui confère une vraie personnalité à ce combo, et c’est sans doute par les compositions (je le redis) que ça pêche le plus, beaucoup de plans ne brillant pas par l’inventivité. Oui, on pourra reprocher un rien de simplisme à ce CD de INFRONT. Mais j’insiste là dessus, il y a de nombreuses réussites à l’intérieur de chaque morceau (1,9). Pour ma part, c’est lors des séquences apaisées ou s’y apparentant que INESCAPABLE s’illustre le mieux.
INFRONT a tout pour réussir, et ce disque augure de belles promesses, il y gagnera en délaissant (c’est mon humble avis) les rivages un peu datés et primaires du hard rock typé années 80, en injectant un peu plus de lumière dans sa musique (peut être), et (ou) en resserrant un peu plus ses compositions.
A suivre…
3/4
CHFAB



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