Artiste: Hands
Album : Caviar Bobsled
Sortie : 15 août 2015
Page : pas de page officielle ( !) sinon : http://www.progressiveears.org/forum/showthread.php/14263-New-HANDS-Album-quot-Caviar-Bobsled-quot
Label : ShroomAngel Records
Page du label :  http://www.shroomangel.com/shroom/default.htm
Mouton-note: [:-) ]
Support : CD
Auteur : CHFAB
Lien pour la pochette : http://www.progarchives.com/album.asp?id=50000
Mots-clés pour catégorisation : progressive folk de chambre

https://www.youtube.com/watch?v=Bw-V8iCJM4I


La main dans l’caviar !… 

Qui aujourd’hui connait le parcours de ce collectif américain, durant les années 70, d’abord orienté jazz rock sous le nom de Prism, puis devenu éminemment progressif, symphonique folk de surcroît, à l’esprit résolument britannique, et avec un unique album au titre éponyme de Hands? Ce véritable joyau est pourtant passé inaperçu pendant bien longtemps, loin s’en faut, pour enfin miraculeusement ressortir des limbes vingt ans plus tard, en version augmentée d’autres titres de l’époque. Magie du temps, excellence, ténacité et évolution des moyens techniques ont permis ce sauvetage inespéré. Sa découverte s’avère désormais indispensable, malgré une confidentialité encore hélas actuelle. Comment en effet a-t-on pu passer à côté d’un tel brio, d’un tel niveau instrumental et vocal, d’une telle inspiration, dont les influences éclatantes, Gentle Giant, Jethro Tull, Happy The Man, Kansas (n’en jetez plus !) ont produit un répertoire si magistral en 1977? Pas moins d’une quinzaine de musiciens avaient contribué à cette merveille, tutoyant aisément les plus grands noms de l’âge d’or. Il n’en a pas fallu plus pour relancer une carrière, après une nouvelle pelleté de trésors oubliés (<i>Palm Mystery</i>), puis passé un renouvellement des membres, pour deux albums contemporains cette fois-ci, dont le très acclamé <i>Strangelet</i> en 2008. Mais qui le sait ? Ce cinquième effort permettra donc une nouvelle fois de rendre justice à ce groupe formidable mais toujours aussi peu connu. <br><br>

<i>Caviar Bobsled</i> ne compte plus à la barre que son guitariste multi instrumentiste d’origine, Ernie Myers, responsable de la totalité des compositions (13 en tout). Sept musiciens ont participé à l’album, contribuant à maintenir la richesse sonore et la chatoyance de la musique. On y retrouve la même teneur folky, notamment grâce aux guitares, mélodieuses, parfois incisives, ou habiles. La pulsion rock est plus sou jacente, la fougue et la virtuosité des débuts n’étant plus tout à fait d’actualité. Les tempos ont ralenti en tant soit peu, et les titres ont gagné en calme ou en majesté dirons-nous, ce qu’ils ont perdu en folie, en densité. Pareil pour les séquences instrumentales sont moins mises en avant, bien que souvent superbes. Les compositions se sont simplifiées mais ont su globalement conserver tout leur charme. C’est que l’album est très largement chanté, par Myers lui-même, avec un filet de voix sans chichi, direct, honnête, évoquant plutôt Steve Hackett finalement, laissant plus entendre la mélodie que la voix elle-même. Ce n’est donc pas un chanteur lyrique, autant le dire tout de suite. Autour, en plus de la guitare, le violoncelle est souvent présent, ainsi que les bois et flute, donnant cette couleur si particulièrement chaleureuse et si 70s au fond… Ce sont des instruments guère employés de nos jours, le métal symphonique et autre post rock dominant très largement les débats depuis quelques temps, ce qui est un peu regrettable, dans le paysage progressif du moins…Ici, c’est plutôt rare et ce n’est que pour renouer avec les réjouissances d’un Jethro Tull en très grande forme, plutôt que d’allonger <i>riffs</i>  sur <i>riffs</i>  plombés et vocaux pompiers. La Warr guitare apparaît régulièrement entre les doigts experts de Mark Cook (Herd Of Instinct, Spoke Of Shadows), conférant à quelques pièces une atmosphère hypnotique et envoutante, toute crimsonienne période 90. Pareil pour le Tchapman stick. Les claviers par contre sont assez discrets dans l’ensemble.

Il est raisonnable de penser que  le brio de ce disque apparaît de manière moins immédiate peut être, la claque étant moins cinglante d’emblée, les harmonies moins foisonnantes, comparées à ce que Hands a produit au départ. C’est, quoi qu’il en soit, sans compter avec le temps et le fil des écoutes, à chaque fois plus gratifiantes. Les arrangements sont vraiment réussis, et c’est peut être là le grand talent de cette musique; le sens du détail, de l’équilibre, de la construction, du développement. Un bémol à noter cependant, pour les plus retors d’entre nous : la batterie. Un peu basique, un peu paresseuse, un peu trop produite peut être, et assez typée FM années 80, ce qui tranche avec la fraîcheur et la subtilité du reste. On pourra également reprocher à cet album une durée excessive, au repère de quelques pièces mineures, avec une unité de ton et de tempo un poil monolithiques. La discographie du groupe, assez sporadique, explique, en partie sans doute, l’envie d’offrir un maximum de matériel à chaque parution. C’est compréhensible, mais peut être pas nécessaire. Ceci dit, il s’agira là de menus détails pour beaucoup d’entre nous, le talent environnant vraiment cet opus. 

Pour les plus réticents, <i>Caviar Bobsled</i>  s’avèrera être au moins une vraie belle entrée en matière dans la musique aux promesses si exceptionnelles de Hands. Pour les autres, ce sera une surprise, bourrée de charme et de finesse. Pour les fans, une réjouissance de voir un cadeau se prolonger… Pour les amoureux fous du tout premier album, un effort louable rappelant parfois le génie passé… Si au moins ce disque pouvait permettre à la plupart d’entre nous de connaître et explorer ce groupe, car disons-le tout net, Hands est l’un des secrets les mieux gardés du prog ! Qu’il n’en soit plus jamais ainsi !

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