DISCIPLINE -  To Shatter Al Accord   (2011)
http://www.strungoutrecords.com/
http://www.myspace.com/matthewparmenter
label : Strung Out Records
Etats Unis

Track list :
1- Circuitry  (6 :16)
2- When The Walls Are Down  (7 :29)
3- Dead City  (5 :15)
4- When She dreams, She dreams In Col  (13 :40)
5- Rogue  (24 :04)
Line-up :
Mathew Parmenter : Vocals, Keyboards, Saxophone, Violin
John Preston Bouda : Guitars
Mathew Kennedy : Bass
Paul Dzendzel : Drums

« Une attente indestructible »
Qui espérait encore ? Qui osait encore nourrir au sein de sa boîte crânienne l’espoir ridicule d’un retour de DISCIPLINE, détenteur d’un des albums les plus marquants du renouveau progressif des années 90, et de l’histoire du prog tout simplement, j’ai nommé « UNFOLDED LIKE STAIRCASE » ?... Il y avait moi ! Et certains de mes confrères sans doute…alors, fous d’hier : oracles d’aujourd’hui ?  La nouvelle de la séparation nous avait terrassés (le succès financier ne se fit évidemment pas  connaître !) nous nous étions consolés des travaux solo de Mathew PARMENTER (mentor multi instrumentiste, auteur et interprète de Discipline), et puis enfin (15 ans après !) en ce printemps 2011, la rumeur très confidentielle d’une reformation, pour un probable nouveau disque, que je tiens enfin (virtuellement hélas, pour l’instant) entre mes oreilles pantelantes, fébriles, émues, impatientes (je ne vais pas égrainer tout le catalogue du fan de base hein !)…
La pochette est énigmatique, très moderne, plutôt sobre, claire (ah !?), sans titre, comme peut être pour annoncer une nouvelle virginité?...Pas tout à fait, à la découverte des deux nouveaux morceaux, puisqu’ils ne sont pas nouveaux (justement !), et ont plusieurs fois figuré sur les deux live et le DVD en concert du quatuor…Ah…déception ? Et bien au fond, pas tout à fait, car « Circuitry » et « When The Walls Are Down » prennent ici une dimension supérieure ; plus écrits, mieux arrangés, et enrichis de superbes soli (saxophone, violon, pour le premier, guitares pour le second, au final étiré et superbe), étoffant ces compositions jusque là présentées « à l’os »…Donc surprise plutôt heureuse au final.  Les quelques inédits présentés sur le double live n’avaient pas renversé l’auditeur… La suite allait-elle être du même tonneau ?
Très clairement : un non, franc et massif ! Dead City se présente comme un épisode crimsonien (tricotages et contrepoints façon « Frame By Frame »), rythmé de guitares, sax et violons (bonne idée de les rendre plus familiers, ce qui accentue encore les deux principales influences du groupe, à savoir Van Der Graaf Generator et King Crimson), avec une séquence centrale superbe de symphonisme (magique mellotron).
La qualité monte encore d’un cran avec « When She Dreams… » : ambiance très feutrée, puissamment jazz, mélancolique, piano, vibraphone, violon (ouiii !), batterie volubile et très subtile, puis deuxième section lancinante, amère, martiale, magnifiquement envolée par un mellotron splendide (breacks de batterie au son électronique, batterie un peu sage, dommage), puis mélopée au violon(superbe), enfin piano électrique, pour renouer avec le mellotron…beaucoup d’émotion pour terminer brutalement en rupture.  
Vient ensuite LA pièce majeure, maîtresse, indépassable de cet album, et peut être de la carrière entière de DISCIPLINE (mais ça, le temps seul le dira) : Rogue…24 minutes au compteur, et quasiment pas une seule de gaspillée ! Démarrage à la guitare classique, fragile, entrée en entrelacs, retombées hammilliennes, harmonies à l’unisson piano-guitare, rythmiques mid tempo composites, pause aux harmonies soudainement paisibles (entre Beatles et Pink Floyd), guitare entre folk grunge et riffs sombres, pour déboucher sur cette montée tranquille de mellotron, qui peut à peu, de palier en palier, se crispe, s’intensifie, se charge de nuées sombres, déployant le feeling très versatile de John Preston BOUDA à la six corde, puis on trébuche  de nouveau, pour inexorablement s’emporter un peu plus encore sous des semelles de plomb et des vocalises totalement psychédéliques de Parmenter (Ummagumma !), jusqu’à tout dévaster sur son passage… ! ahurissant ! sept minutes de montée vertigineuse, exaltante, exténuante, et à mon sens inédite dans l’histoire du disque prog (à part peut être « Moonloop » de Porcupine Tree) !!! On tutoie les premières furies live d’Anekdoten ! Et ce n’est pas fini !
La suite est riche en rebondissements, honorant un peu plus les mélodies et arabesques, le chant exceptionnel du maître (pas moins), les accalmies dépouillées, le piano lancinant, les soli inspirés ou simples de la guitare, terminant sur une plage harmonieuse à souhait, totalement planante, mellotronissime, disparaissant au loin, comme pour nous dire que tout cela ne fait que continuer à l’infini. Et c’est évidemment ce qu’on souhaite ! Ce morceau est une somme, et d’emblée reste gravé dans votre mémoire, malgré sa taille…Le réécouter est un gage d’explorations heureuses, à l’image de tout l’album finalement !
Le son est bon, sans être spectaculaire, les instruments sont bien placés (on aimerait un bassiste plus expressif, plus présent), sans trop d’effets, en revanche les arrangements  ne brillent pas par une audace de chaque instant (la voix est parfois en peu en retrait, au début surtout, la stéréo est sage) ;  ils sont plutôt dosés avec parcimonie, comme pour rester au plus prêt d’une interprétation en direct, je suppose. Je pourrais dire aussi que la production manque un peu de souffle, de puissance, en regard de la force de cette musique, et indéniablement DISIPLINE mériterait d’être signé et mixé par une grande maison… nous savons que les finances sont l’obstacle principal de ces formations progressives, et passer à côté d’un talent exceptionnel d’un groupe comme celui-là est un vrai crève-cœur… Alors il FAUT acheter ce disque ! Et il FAUT aller les voir en concert ! En priorité ! Pour cela, il faut être américain, canadien ou québécois, car l’utopie de les voir un jour en Europe, et encore plus en France, n’est bel et bien qu’une chimère…CRESCENDO pourrait-il tenter l’impossible l’année prochaine ? J’en pleurerais d’avance…Saint Sébastien, priez pour nous !!!
DISCIPLINE a-t-il réitéré l’exploit de son album précédent ? Et bien on n’en est pas loin, le brio des compositions (trois sur cinq c’est peu, on aurait aimé un double !) et de la production précédente n’ayant pas été atteint cependant. Il n’empêche, ce disque est excellent, il a su varier un tout petit peu ses influences (une voix à suivre), tout en appuyant sur l’apport très réjouissant du violon et du saxophone. Ainsi, TO SHATTER ALL ACCORD représente une formidable entrée en matière pour ceux qui ne connaissent pas encore ce groupe unique, et son leader d’exception.
Croisons les doigts pour que le navire continue encore longtemps ce périple…
CHFAB
4/4

 


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